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Petite explication de texte attendue entre Rasmussen (Otan) et Ashton (Ue) mardi

Le "couple" de la défense européenne en décembre dernier (crédit : Conseil de l'UE)

(BRUXELLES2) La diplomate en chef, Cathy Ashton, rencontre, mardi (1er mars), successivement le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen. L'objet est de pouvoir avancer, concrètement, sur la coopération Otan-UE, toujours aussi bloquée par le contentieux turco-chypriote (*). Mais avec A.F. Rasmussen, les sourires ne devraient être de sortie que dehors. Car sitôt les portes fermées, il pourrait y avoir une petite "explication de texte" entre les deux dirigeants.

Une attitude peu fair play de Rasmussen

En cause, l'attitude du secrétaire général de l'OTAN, peu fair play, lors de la rencontre informelle de l'UE à Budapest-Gödöllo. "Les hommes veulent toujours prendre la parole en premier, c'est comme çà", comme le commente, ironiquement, Cathy Ashton.

Une participation réduite au minimum mais un bruit maximum

De fait, d'après les informations qui nous sont parvenues, malgré l'apparence qu'il en a donné, le secrétaire général de l'OTAN n'a assisté qu'à une très petite partie de la réunion de l'UE. Il n'a ainsi même pas assisté à la séance de "pooling and sharing", dont il s'est pourtant fait l'écho devant la presse, poussant l'ironie jusqu'à faire un compte rendu complet des travaux des ministres de la Défense... de l'UE ! Selon un témoin de la réunion, en fait, il a "juste assisté à la partie concernant les partenariats et la coopération Otan-UE" où il a, à nouveau, plaidé pour l'association de la Turquie à la politique européenne de défense. Et, durant la séance, il a multiplié les approximations, les raccourcis voire les mensonges.

Raccourcis, approximations et mensonges...

Pour appuyer sa position habituelle (1), destinée à faire pression sur Chypre et déjà évoquée à plusieurs reprises comme à Palma de Majorque, le secrétaire général de l'OTAN a utilisé deux autres arguments.

Premièrement, la Turquie a le droit d'être associée à l'agence européenne de défense puisque celle-ci est héritée de l'UEO, à laquelle la Turquie était associée. Cela peut sembler logique. Mais la dynamique des deux organisations et les objectifs des deux agences sont différentes.

Deuxième argument : « l'OTAN associe les pays non membres dans les opérations (cf. Afghanistan), pas l'UE ».On n'est plus ici dans le raccourci rapide, on semble tombé dans l'approximation proche du mensonge. Certes les mécanismes d'association sont différents. Mais ils existent bien. Au niveau européen, pour chaque mission, est ainsi constitué un comité contributeur qui réunit les pays tiers participants. Son fonctionnement est assez discret, et sans doute moins tapageur que les méga-réunions de l'ISAF organisées à grand frais avant certains sommets ou ministériels. Mais il est efficace. Le comité des contributeurs est, en effet, consulté avant chaque réunion des ambassadeurs où le sujet est évoqué de manière stratégique (modification d'une base de l'opération...). A ce comité, participe d'ailleurs régulièrement le chef de la mission. De plus, des officiers de chaque pays sont intégrés à l'Etat-Major d'opération, ce qui leur permet d'obtenir toutes les informations voulues, voire de peser directement sur le cours de l'opération.

On peut se demander d'ailleurs si le dispositif consistant à inviter le secrétaire général de l'OTAN systématiquement à une réunion de l'UE (et vice-versa) est vraiment efficace. On a plutôt l'impression que c'est une perte de temps, un semeur de confusion et surtout contre-productif, consistant à une crispation des positions, de Chypre (soutenu par la Grèce et les autres Etats membres).

(*) La rencontre qui était prévue avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdoğan, lors d'un lunch organisé par le président de la Commission, José-Manuel Barroso, a été annulée pour cause d'enterrement de Erbakan, ancien premier Ministre et inspirateur de l'islamisme turc actuel.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Lire également :

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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