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Reconduire la mission EUTM Somalia, la question se pose

Crédit : Conseil de l'union européenne

La mission européenne de formation des soldats (Eutm Somalia) pourrait être prolongée. C’est du moins le souhait du gouvernement ougandais. Et le sentiment de plusieurs des instigateurs de la mission Eutm Somalia. Ce serait dans la logique des choses. Si l'on veut stabiliser la Somalie, il faut des troupes. Or, aucun Etat européen ou occidental ne veut y contribuer. Et même les Etats africains se sont tirer l'oreille. La mission Eutm Somalia était calibrée pour former deux séries de 1000 soldats environ, en 14 mois. Il en faudrait plus. Ce sujet devrait être débattu par les ministres de la Défense, le 9 décembre, en présence du responsable de la mission Eutm, le colonel espagnol Gonzalez Ellul.

Le véritable test : la tenue au combat

Le retour est, en effet, un peu retardé. Notamment la construction du camp de Jazeera à Mogadiscio n'est pas encore terminée et il semble qu'elle ne pourra pas l'être avant la mi-janvier. A ce moment, les soldats somaliens formés à Bihanga en Ouganda par les Européens pourront être ramenés par plusieurs rotations d'avion, celui-ci en profitant au retour pour ramener les nouvelles recrues en formation. Le contingent de nouvelles recrues en Somalie sera ensuite incorporé, brassé. Un processus assez lent, qui pourrait durer deux mois. Et ce n'est qu'au printemps qu'il sera donc opérationnel. Le véritable test de l'efficacité de la formation et du "brassage" sera alors  la « tenue » des nouvelles recrues au combat et les désertions. Celles-ci existeront inévitablement. Mais on espère, coté européen, qu'elles seront limitées.

Objectif : Mogadiscio

L’objectif des forces de l'AMISOM et du gouvernement provisoire - ce n'est un secret pour personne - est de reconquérir, quartier par quartier, Mogadiscio et de les sécuriser, pour permettre au gouvernement provisoire de retrouver un semblant d'existence. « Qui tient Mogadiscio tient le pays » explique un officiel somalien. On est un peu plus prudent du coté européen. Mais on reconnait que si « Mogadiscio est reconquis, ce sera incontestablement un signal important » avant de pouvoir passer à d'autres points-clés du pays, notamment Kismayo, le port somalien tenu par les forces d'El shabab. Pour tout cela, il faudra davantage de troupes pour tenir et sécuriser Mogadiscio. D'où l'intérêt de former davantage de soldats somaliens. Mais, pour cela, il faudrait le prévoir tout de suite, pour préparer.Et on ne peut attendre les premiers résultats sur le terrain. Car il sera alors trop tard.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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