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La future mission néerlandaise dans le nord de l’Afghanistan ne tient plus qu’à un fil

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, qui était en visite aujourd'hui (mardi) à Bruxelles, pour voir le président de la Commission européenne veut afficher son optimisme sur sa proposition d'une nouvelle mission néerlandaise de police (militaire) dans le nord de l'Afghanistan. Mais la situation aux Pays-Bas est particulièrement confuse, alors que le Parlement national va débattre de la question mercredi et jeudi.

Le vote du Parlement est, en effet, nécessaire politiquement. Et la majorité requise tient à un fil : le vote de GroenLinks (Verts) et de l'Union chrétienne - et dans une moindre mesure du parti libéral alternatif D66 - surtout ne semblent pas acquis. Les sociaux-démocrates du PvDA, les populistes du PVV et la gauche SP ayant déjà affirmé qu'ils ne voteraient le projet.

Verts et Chrétiens sociaux dans le doute

C'est à la Gauche verte que le débat a été le plus intense. Alors que les responsables du parti avaient acquiescé au projet de nouvelle mission de police, qui comprenait une bonne partie de militaires, sous couvert de l'OTAN, la base a rué dans les brancards. Et aujourd'hui, il n'est plus acquis que le parti écologiste votera le texte en l'état. La chef du parti, Jolande Sap, a fait part de ses doutes, hier. « Nous sommes un parti ouvert à l'international » a-t-elle expliqué. « Mais nous refusons toute mission de combat ». Trois points en particulier suscitent des interrogations chez les Verts : la situation sécuritaire sur place à Kunduz - le rapport secret de la sécurité militaire (MIVD) dont les députés ont pu prendre connaissance n'incite pas à l'optimisme - la nature de la formation et le risque que les agents formés soient employés comme des forces supplétives de militaires. Les Verts ont également de gros doutes sur le fait que la majorité des formateurs soient incorporés aux forces de l'OTAN. Mêmes « gros doutes » à l'Union chrétienne, où son leader André Rouvoet s'interrogeait sur le fait que cette mission soit contre productive et pas très civile.

Renforcer la mission civile Eupol

En revanche, ces deux partis, comme le PvDA d'ailleurs, pourraient être prêts à accepter une mission plus civile sous couvert de l'Union européenne. Si la situation ne se débloque pas, et pour ne pas perdre la face, le gouvernement pourrait donc négocier un renforcement supplémentaire d'Eupol. Cela l'obligerait cependant à devoir avouer à ses alliés de l'OTAN un nouveau recul. Les révélations des télégrammes américains par Wikileaks donnant la preuve des pressions pour empêcher le précédent retrait de la mission militaire ne lui faciliteront certainement pas la tâche au niveau national.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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