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L’Allemagne approuve le contrat des A400M mais revend certains appareils

L'A400M en test à Dresde en janvier 2011 (Crédit : Airbus military)

L'Allemagne respectera bien l'accord conclu à l'automne entre les 7 partenaires de l'A400M, l'avion militaire européen. Mais elle ne recevra finalement que 40 avions au lieu de 53 comme prévus. C'est ce qu'a annoncé le rapporteur du budget au Bundestag, Jürgen Koppelin (1), qui appartient au parti libéral (FDP) membre de la coalition gouvernementale.

13 appareils revendus

Selon l'accord entre les Etats fabricants, l'Allemagne a commandé 53 appareils. La différence entre la commande originale et les déclarations du député allemand porte sur 13 appareils. Ces 13 appareils resteront commandés mais devront être revendus par Airbus Military. Les conditions de cette revente restent floues pour l'instant.

Cette "astuce" politique et économique permet surtout au gouvernement allemand de respecter l'accord entre les pays fabricants (qui permettait une baisse de la commande mais uniquement de 10% des appareils commandés initialement) et de diminuer ses engagements budgétaires pour les années à venir ainsi que de respecter l'avis de la Cour fédérale qui n'avait approuvé l'achat ferme que de 40 appareils et de vaincre un Bundestag plutôt réticent à respecter un tel volume de dépenses.

Le coût pour l'Allemagne des 53 appareils se monte en effet à 8,3 milliards d'euros auquel s'ajoute un prêt remboursable de 500 millions d'euros (sur un prêt total de 1,5 milliards d'euros). L'Allemagne qui sera livrée fin 2013, début 2014 pour son premier avion ne pourra de toute façon pas penser économiser de l'argent avant 2016 a estimé Koppelin.

L'Allemagne perd sa place de premier client de l'A400M

Ce n'est pas la première fois que la chambre des députés rabote la commande. Au départ, l'Allemagne avait commandé 93 avions (sous le gouvernement Schroder). Commande réduite ensuite à 60 avions. Les dernières évolutions, avec le retard, avait conduit l'Allemagne à réduire encore sa commande à 53 avions. On croyait ce chiffre stable. Mais c'était sans compter sur la volonté, notamment du partenaire FDP de la coalition, de voir le budget fédéral contenu dans une limite plus étroite. Les partisans de la restriction budgétaire l'ont emporté. Maintenant il ne s'agit plus que de 40 avions. L'Allemagne cède ainsi la place de premier client de l'Airbus militaire et passe derrière la France (qui maintient sa commande 50 avions).

Comment revendre les avions : problème...

Cette nouvelle ne réjouira qu'à moitié le constructeur européen. Certes l'accord allemand enlève du pied une sérieuse épine. Jusqu'au dernier moment il restait un doute sur l'exécution de cet accord outre-Rhin. Mais elle lui en rajoute une : comment revendre ses appareils et à qui ? (la négociation entamée avec les Chinois, intéressés un moment par l'avion, n'a pas abouti).

Les tests de fatigue commencés à Dresde

Une nouvelle qui coïncide avec le lancement en Allemagne, à Dresde, d'une nouvelle série de tests destinée à éprouver la résistance de l'A400M à toutes les intempéries. Durant une période initiale de 4 semaines, 24 heures sur 24, l'avion va ainsi être soumis à toutes sortes d'épreuves permettant de simuler jusqu'à 160 vols dans une seule journée. Une épreuve nécessaire pour recevoir la certification de l'agence européenne de sécurité aérienne (EASA) qui requiert la simulation de 25.000 vols.

(1) Voir la déclaration du député sur le site de Augengeradeaus

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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