Le SitCen, le centre d’information de l’UE
(BRUXELLES2) Le SitCen, littéralement le centre de situation de l’UE, est un peu plus que son nom l’indique. Embryon d’un service de renseignements de l’UE, il n’a pas de volet « action » mais bien toute la dimension information. Ce n’est pas encore demain, donc, qu’on verra des agents européens opérer « undercover » dans un pays tiers ou dans l’UE. Mais il est cependant sorti des murs européens. Et ses agents vont désormais sur le terrain.
Son objectif ? assurer une veille sur tout ce qui se passe à l'extérieur, l'analyser en un temps extrêmement rapide et pouvoir alerter directement l’attention des dirigeants européens sur ce qui se passe dans le monde. Sonner l'alarme en quelque sorte.
Ses clients ? Ce sont essentiellement les ambassadeurs du COPS (le Comité politique et de Sécurité de l'UE) et la Haute représentante pour les Affaires étrangères, Cathy Ashon. Mais ce peut être aussi d'autres responsables de l'UE.
Combien de personnes ? Son utilité s'est renforcée au fil des années. Et de quelques personnes qui composaient le service, le SitCen dispose aujourd'hui d'environ 100 personnes, la plupart détachées des Etats membres.
Son atout ? 24h/24, un « officier » de permanence traite l’information en provenance d’un peu partout dans le monde : des missions européennes de défense déployées sur les trois continents (dans des endroits un peu « chauds », Afghanistan, Irak, Palestine, Congo…), des bureaux des représentants spéciaux et (demain) des ambassades de l'Union européenne, ainsi que des informations envoyées par les « honorables correspondants » des Etats membres. La presse, internet, twitter sert aussi de mode d’information. En tant que tel, le SitCen n’a pas d’agents directement déployés (sauf quelques exceptions).
Sur le terrain ? La capacité d’envoyer des personnes sur le terrain est nouvelle. Elle a été créée, il y a deux ans et a été inaugurée avec les évènements en Géorgie (pour renforcer l’équipe du Représentant Spécial et mieux gérer le flux d’information), et en Thaïlande (une situation identique à Haiti mais avec un accent mis sur le soutien a la présidence).
Son intérêt ? Si dans certains Etats membres, la notion de crise et de renseignements est relativement développée, ce n'est pas le cas dans tous les pays. Encore moins avec les élargissements. Ainsi « il y a un grand centre gouvernemental de gestion de crises, au niveau interministériel », à Londres ou à Paris. Mais « ce n’est pas le cas partout ». Ailleurs c’est géré, souvent, par le Ministre des affaires étrangères « avec des moyens parfois très disparates d’un État à l’autre ».
Une histoire un peu plus ancienne
L'histoire du SitCen est un peu plus ancienne. Elle remonte aux temps de l'UEO où une petite cellule s'occupe d'analyser l'information provenant de sources ouvertes (open-source intelligence). En 1999, à la prise de fonction de Javier Solana comme premier Haut représentant pour la politique étrangère de l'UE, celui-ci, déplace le centre de gravité du SitCen vers l'Union européenne. C'est alors une mesure d'organisation. Solana exerce en effet la double casquette de secrétaire général de l'UEO et de secrétaire général du Conseil de l'UE en même temps que la fonction de diplomate en chef de l'UE.
Le SitCen/Cellule de crise intègre alors la toute nouvelle "Policy unit" comme un simple bureau, dirigé par le Danois Matthiessen et composé de quelques personnes. C'est après les attentats de 2001 (New York) puis ceux de 2004 (Londres, Madrid) que le service s'étoffe vraiment devenant une direction à part entière, aux responsabilités plus étendues. Les Britanniques acceptent de s'impliquer davantage, et de partager un peu plus le renseignement à une condition : le service sera dirigé par un Britannique. William Shapcott prend le lead du service.
Structure actuelle et évolution
Il met aujourd'hui l'accent sur certains sujets comme les zones sensibles, le terrorisme et la prolifération des armes des destruction massive.
Il comprend aujourd'hui 3 unités principales : le Centre de communications (COMCEN), affaires consulaires, l'Unité opérationnelle (OPS), l'unité d'analyse. Mais certaines de ses unités pourraient aujourd'hui être redispatchées qui vers le département "Réponse de crises" d'A. Miozzo ou le Chief Operating, O'Sullivan.