Les ministres de la Défense, à l’heure de la crise, s’engagent à mieux coopérer
(B2) Comment limiter la casse budgétaire des armées ? Tous les ministre de la Défense partagent, peu ou prou la même préoccupation. Dans la foulée du précédent conseil informel de Gand (1), et du papier germano-suédois (2), la réunion de Bruxelles a, donc, été l'occasion de coucher formellement sur le papier divers engagements pour renforcer la coopération en matière militaire. Hier, on discutait aimablement de coopération. Aujourd'hui, il y a urgence.
La crise : une chance à saisir pour sortir de l'impasse
Jusqu'ici, le plan de développement des capacités militaires de l'UE était, en effet, un exercice, aimable, qui restait, d'une certaine façon, très théorique. Aujourd'hui, la question est plus concrète : comment sauvegarder certaines capacités, quitte à partager en commun certaines ressources ? Ou, plus brutalement, comment faire dépenser par les autres ce qu'on ne peut(veut) plus dépenser ? Comme l'expriment les ministres dans leurs conclusions, la « crise financière et ses conséquences pour les budgets nationaux de défense » sont une « chance à saisir » pour donner « un nouvel élan » au développement des capacités militaires.
La feuille de route des Etats membres
Les ministres ont donc défini une feuille de route, ne négligeant aucune solution : inventaire généralisé des possibilités de coopérations, interopérabilité, normes civilo-militaires. Même les mots auparavant tabous de "partage des rôles et des tâches" ou de "spécialisation" sont prononcés.
Chacun des 27 Etats est ainsi invité à :
- procéder à un échange d'informations sur « les réductions actuelles et prévues des budgets consacrés à la défense ».
- mettre à profit « toutes les possibilités de coopération ». Toutes les solutions doivent être recherchées : « Mutualisation, partage des ressources », et même spécialisation des tâches. La structure mise en place au niveau du transport aérien (EATC) est cité notamment en exemple (3).
- faire une « analyse systématique des capacités et structures de soutien militaires nationales », en prenant en compte trois critères : l'efficacité opérationnelle, l'efficacité économique et la capacité de soutien.
- accroître l'interopérabilité des capacités à maintenir au niveau national, recenser les capacités susceptibles d'être mutualisées, intensifier la coopération sur « les capacités, structures de soutien et activités qui pourraient donner lieu à un partage des rôles et des tâches ».
- aboutir à une coopération « plus poussée » entre l'Agence européenne de Défense et la Commission européenne en matière de recherche et technologie.
- orienter les besoins, normes et autres développements en cours dans le domaine militaire « vers les organes civils dont les activités peuvent avoir des implications pour la communauté de la défense ».
Un comité des Sages à l'Agence
Rendez-vous est fixé à la mi-2011 pour examiner les principaux résultats obtenus. Dans l'intervalle, c'est le COPS (Comité politique et de Sécurité) et l'Agence européenne de Défense qui seront chargé de suivre, concrètement, le dossier. Un groupe des sages, mis en place à l'Agence européenne de défense, pourrait être créé « pour identifier les domaines pouvant donner lieu à une mutualisation et à un partage des ressources ».
Quant à la coopération structurée permanente, il est toujours aussi urgent d'attendre (4). Ou plutôt : « il y a lieu d'étudier les possibilités de recours à la coopération structurée permanente ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
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