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Le blocus des casques bleus continue à Abidjan. L’ONU appelle à l’aide.

Intervenant devant l'assemblée générale des Nations-Unies cet après-midi (heure New-York, +6 h. Bruxelles), le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon n'a pas caché son pessimisme face à la situation, notamment à Abidjan où les forces de l'ONU (l'ONUCI) sont soumises à vive pression. "L'intention de M. Gbagbo et les forces de sécurité qui lui sont fidèles est clairement d'étrangler la Mission des Nations Unies et d'étouffer le gouvernement du président élu Ouattara. Nous ne pouvons pas permettre cela", a répété le secrétaire général.

"Que ceux qui peuvent nous aider ..."

Evoquant le blocus auquel ont à faire face les forces de l'ONU sur place, il a exhorté les États membres, qui sont en mesure de le faire, "d'aider et de soutenir l'ONUCI afin que la mission peut continuer à recevoir des fournitures".  "Face à ce défi direct et inacceptable à la légitimité de l'Organisation des Nations Unies, la communauté internationale ne peut rester. La communauté internationale doit agir ... et agir de manière décisive ", a déclaré Ban Ki Moon.

Sécurisation des populations civiles en octobre 2009 à Blolequin (Crédit : Onuci)

Appel à la haine sur les radios et mercenaires

Le premier bilan dressé par l'ONU, et pour l'instant très provisoire, parle de "au moins 50 personnes tuées, 200 blessés, 470 arrêtés et détenus arbitrairement, et de nombreuses disparitions". Mais tous les ingrédients d'une aggravation sont présents. La tactique est malheureusement classique. Elle comprend "enlèvements, meurtres et propagation de discours de haine à la radio et télévision d'Etat", a expliqué Ban Ki Moon qui a également mis en cause la présence de "mercenaires dans le pays, notamment d'anciens combattants du Libéria, recrutés pour cibler certains groupes de la Côte d'Ivoire de la population".

Situation critique pour l'ONUCI

"La situation de l'ONUCI est à un stade critique sur le terrain" a confirmé Alain Le Roy, le secrétaire général adjoint chargé des opérations de paix, à certains journalistes. "Ce que nous observons aujourd'hui, c'est une stratégie du camp de M. Gbagbo à la fois pour étrangler et  provoquer l'ONUCI. (...) Tous nos fournisseurs ont été menacés d'arrêter leurs livraisons à l'ONUCI, de sorte que le blocus contre nos gens".

Les appels à la haine diffusés sur les radios et télévisions "incitent (également) à la violence contre le personnel de l'ONUCI". Dans le même temps, on entend "beaucoup de provocation" comme ces "Jeunes Patriotes à qui on a donné des armes, des AK47, pour essayer de provoquer l'ONUCI". Il y a "beaucoup de rapports de violations des droits de l'homme par les forces fidèles à M. Gbagbo. Nous sommes très préoccupés".

Réfugiés qui commencent à arriver

Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a, de son coté, renforcé ses moyens d'urgence pour faire face à l'afflux de réfugiés dans les pays voisins. Environ 6.000 ivoriens ont fui vers l'est du Liberia et 200 sont déjà arrivés en Guinée, la plupart du temps des femmes et des enfants qui témoignent de "mauvais traitements". "Nous nous attendons à 30.000 réfugiés" explique Adrian Edwards, porte-parole du HCR à Genève.

L'ONUCI en quelques mots

NB : La force militaire de l'ONUCI comprend environ 8.000 hommes, provenant essentiellement du Bangladesh (qui fournit près de la moitié du contingent), du Pakistan et de la Jordanie. Le Bénin, le Ghana, le Maroc, le Niger, le Sénégal, le Togo y participent également ainsi que la France qui est le seul Etat européen (et même occidental à participer à cette force). Elle est commandée par le Général bengali Abdul Hafiz. Un habitué des missions de l'ONU. Il était, de janvier à mars 1992, chef du Bureau de liaison militaire à Zagreb. Puis a été chargé de la planification et de la coordination pour le déploiement des troupes bangalis, en Somalie, au Mozambique, au Rwanda, en Bosnie et à Haïti de 1993 à 1994.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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