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Crise au Sud-Soudan ? Les Européens envisagent toutes les options

Contingent zambien de l'UNMIS escortant une équipe d'd'observateurs militaires (Crédit Photo : Forces canadiennes, LCdr Mike Fitzpatrick)

La date du référendum au Sud-Soudan approche (9 janvier). Et son issue vers l'auto-détermination, fait phosphorer les esprits dans les différents cercles politiques et militaires européens. Sur la table des ministres des Affaires étrangères des 27 , lundi, devrait ainsi se trouver un document intitulé "Options paper" qui envisage les différents scénarios de crise et les réponses possibles. Rosalind Marsden, la représentante spéciale de l'UE pour le Soudan (1), sera là également pour "briefer" les ministres sur la situation sur place, les risques réels ou supposés et le travail de la task force "Soudan" dont elle a la responsabilité.

Etre prêt au pire

Coté scénarios, le document est assez détaillé. Il envisage ainsi une gradation de scénarios : du plus calme (le référendum se déroule, sans troubles ni incidents) au pire (troubles armés en cascade et catastrophe humanitaire), en passant par toutes les étapes intermédiaires (troubles limités géographiquement, etc). Dans la pire hypothèse, il y aurait, selon ce document, près de 6 millions de personnes qui pourraient requérir une assistance.

Une réponse européenne politique et humanitaire

Coté réponses,  ce document envisage surtout la réponse humanitaire et politique. Au niveau humanitaire, il faut s'assurer des possibilités qu'ont les différentes agences de l'ONU, la Croix-Rouge ou les ONG de pouvoir intervenir dans une région qui reste peu accessible, pauvre et très peu dotée en infrastructures médicales notamment.

Au niveau politique, le mot-clé est "prévention de conflits". Il s'agit d'une part de recenser tous les instruments européens susceptibles d'être utilisés comme la "facilité de paix pour l'Afrique", l'instrument de stabilité, etc... Il s'agit aussi de coordonner les efforts des diplomaties européennes avec les autres partenaires internationaux, notamment les Etats-Unis, l'Union africaine ou l'ONU, pour permettre des décisions rapides ou peser sur les différents gouvernements impliqués. Les positions européennes au Conseil de sécurité de l'ONU doivent aussi être définies pour soutenir, le cas échéant, une des options du plan de crise concocté par l'organisation internationale.L'ONU a, en effet, sur place une force de 10.000 militaires (1) qui pourrait être renforcée au besoin.

Une contribution à la force de l'ONU...

L'UE pourrait aussi contribuer à une éventuelle force de l'ONU, mais la demande sera "à adresser aux Etats membres". Autrement dit, il n'est pas question d'une opération européenne mais d'une réponse européenne coordonnée à une demande internationale (un peu comme pour le Congo récemment). Concrètement, outre de possibles contingents, l'aide pourrait surtout être logistique pour acheminer des contingents africains ou pour renforcer la chaîne de commandement (comme lors de l'opération AMIS II au Darfour de 2005 à 2007). Comme le résume un haut responsable du ministère de la Défense français, "Il faut que l'UE se tienne prête à assumer ses responsabilités".

Certains pays voudraient ainsi aller plus loin, particulièrement les Nordiques (Suédois et Finlandais notamment), déjà présents sur le terrain (dans le cadre onusien) et qui bouillent d'impatience de tester les battlegroups (2). Ils seront d'astreinte à partir du 1er janvier (3). Et si les "conditions sont réunies", ils entendent bien être les premiers à éprouver ce dispositif mis en place depuis 2007. Le parlement finlandais a prévenu : si le on ne peut tester le battlegroup en situation de crises, nous refuserons de donner les financements nécessaires pour la prochaine fois. Dans les groupes d'expert, on a d'ailleurs ressorti les vieux plans qui avaient servi notamment pour l'opération Artémis au Congo notamment...

NB : Une dizaine de pays de l'Union européenne participent à la force de la MINUS/UNMIS (selon les sources de l'ONU) : Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, Allemagne, Grèce, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Suède (auxquels il faut ajouter la Croatie et la Suisse). Mais les effectifs restent très limités : quelques hommes par pays (officiers dans l'Etat-Major ou observateurs militaires), pour une force qui comprend environ 10.000 hommes + 600 policiers.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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