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Une nouvelle, petite, mission néerlandaise en Afghanistan. Dur…

Comment rester en Afghanistan en se retirant ? Telle est la quadrature du cercle à laquelle essaie de répondre le Premier ministre néerlandais, le Libéral Mark Rutte. Dernière formule trouvée : mettre en place une mission de formation des policiers (sur laquelle la plupart des partis sont d'accord) avec un environnement robuste. Très robuste même puisque certains plans néerlandais faisaient état du déploiement de plusieurs F-16 et d'au moins 250 soldats pour protéger 50 formateurs. Tout à fait justifié pour l'ambassadeur américain à l'OTAN, Ivo Daalder (un peu néerlandais également puisqu'il est né à la Haye) qui considère que c'est à chaque pays d'assurer sa protection et multiplie les contacts ces derniers jours pour convaincre les responsables politiques néerlandais. Idem pour l'ancien secrétaire général de l'OTAN, le Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer (CDA) qui estime qu'il s'agit, aussi, d'une question de prestige international pour les Pays-Bas.

En fait, tout reste flou. Et sur le projet adopté au Cabinet, vendredi, et qui doit être présenté à la Chambre, le gouvernement néerlandais reste très évasif sur le format. La chute du précédent gouvernement, justement sur la mission en Afghanistan (1), est encore fraiche dans tous les esprits. La mission de police ne se déroulerait pas dans l'Uruzgan (région qu'ont quittée les militaires néerlandais) - comme envisagée un moment - mais à Kaboul et dans trois autres provinces (on parle du nord du pays où officient déjà, de concert, les Allemands et les Belges). Un projet qui permet surtout, citent plusieurs confrères néerlandais, au Premier ministre néerlandais de ne pas arriver "les mains vides" au sommet de l'OTAN à Lisbonne, ces 19 et 20 novembre.

Politiquement, la question est effectivement délicate. Même si rien n'est obligatoire, il est de tradition aux Pays-Bas que les soldats ne sont engagés à l'extérieur des frontières que si cette mission recueille un assentiment nettement majoritaire des partis politiques. Mais, c'est loin d'être le cas. Le gouvernement joue serré. Or, si la mission de police recueillait l'assentiment de la plupart des partis, une mission un peu plus "extensive" serait difficile à faire passer. En l'espèce, chacun fait ses comptes. Le gouvernement peut compter sur l'appui de les libéraux du VVD et chrétiens démocrates du CDA, de CU et de la SGP (62 voix) et éventuellement sur celles du D66 et des Verts (10 voix chacun, partisans d'une mission de police sous l'égide de l'UE mais hostiles à une mission de combat surtout sous le drapeau de l'OTAN pour les Verts). Et il a à faire à une opposition déterminée composée de la droite populiste PVV, du parti de gauche SP et des défenseurs des animaux PvD (41 voix). De fait, ce sont les socio-démocrates avec leurs 30 voix qui peuvent faire la balance sur le sujet. Avec, comme le rappelle le quotidien Volkskrant, de fortes réticences de la base. Le président des jeunes socio-démocrates, Jelle Menges, vient ainsi de publier une tribune estimant que « nous n'avons rien à faire en Afghanistan » (2).

(1) Lire sur Bruxelles2:

(2) Lire ici en néerlandais : Jelle Menges; 'We zijn uitgediend in Afghanistan'

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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