B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Actu BlogSEAE Haut représentant

Le premier duo du service diplo’

© NGV

(A Luxembourg) C'est un vrai duo qu’interprètent Pierre Vimont et David O’Sullivan, les deux super-diplomates fraichement nommés. Ils viennent juste de prendre leurs fonctions à la tête du service diplomatique (1), l’un comme secrétaire général exécutif, l’autre comme chef opérationnel. Et c'est une "première" à tous points de vue.

Apparemment, d'ailleurs, le numéro n'a pas encore eu le temps de se roder. Mais les deux hommes savent déjà précisément leur rôle et posent leurs marques. Le premier, aux cheveux blancs, parle doucement, si doucement qu’il faut prêter l’oreille pour l’entendre (Un excellent truc pour faire rendre silencieux tout le monde) avec un phrasé qui semble traduire un calme imperturbable. Le second, David (O’Sullivan), a une voix plus chaude, apparemment plus impétueux, mais… un crâne plus dégarni. Deux styles assurément, qui semblent vouloir se compléter. Les deux s’appliquent d'ailleurs à trouver un modus vivendi, et se montrent respectueux l'un de l'autre.

Fascinant, intéressant, very exciting

Si il y a un mot qui revient dans leur langage, commun, un seul mot, c'est : « fascinant », « intéressant », « very exciting ». Comment en serait-il autrement quand il s'agit de « mettre sur pied », « rendre cohérent » ce Service diplomatique, qui est une chose nouvelle, intentée ailleurs. On les sent fébriles, impatients d'agir, d'entrer dans le vif du sujet...« C’est un nouvel état d’esprit, une nouvelle institution. C’est exceptionnel. On prend un peu de la Commission européenne, un peu de conseil, et un peu des Etats membres. Il faut inventer beaucoup de chose, c’est forcément intéressant…C’est un vrai défi. » explique Pierre. « Le défi est double : mettre en place un service, forcément nouveau, et en même temps définir l’action de ce service sous l’autorité de Catherine Ashton, pour qu’il apporte une valeur ajoutée par rapport à avant ». « L’innovation, c’est d’être au croisement de toutes les institutions. Et ce service peut, doit dialoguer avec tout le monde… Le défi c’est d’avoir une voix dans le monde » précise, de son côté, David.

Cerner les priorités, expliquer, discuter...

Ce n’est donc pas illogique, selon eux, que cela suscite ce qu’en termes journalistiques, on nomme une foire d’empoigne, entre les différents protagonistes. C’est vrai : « l’accouchement est toujours difficile » reconnaît David. Mais on ne part pas de zéro. Comme il le rappelle : « il y a actuellement 135 délégations de la Commission européenne qui sont devenues délégations de l’Union européenne et sont déjà au travail. C’est là le cœur du service diplomatique. Nous avons à appuyer et donner une direction politique à toutes ces délégations ».

La difficulté, surtout, « cela va être de cerner ce qui doit être fait tout de suite et ce qui peut attendre un peu. Si on veut tout faire de suite, on n’y arrivera pas » explique Pierre Vimont. Il faudra aussi faire un grand travail d’explication. A l’étranger, comme aux Etats-Unis, « Ils restent un peu dubitatifs devant les implications du Traité de Lisbonne. Il faut expliquer. »

Sur les questions précises, comme la représentation de Ashton dans son absence, nos amis bottent en touche « Il faudra en discuter ». La structure du "top management" du service diplomatique est "collégiale". Cela a été voulu ainsi. Et c'est aussi, là, que réside le "défi", nos deux super-diplomates en sont conscients.

(1) Lire : Le chef du Service diplomatique nommé officiellement

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®