Les ambassades européennes en première ligne dans 120 pays
Dans plus de 120 pays du monde, en 2011, c'est en effet un(e) ambassadeur(rice) nommé par Cathy Ashton qui aura pour vocation de représenter l'Union européenne (UE). Le nouveau tableau de représentation diplomatique qui sera applicable au 1er janvier 2011 va ainsi refléter, encore plus, la nouvelle structure du Traité de Lisbonne pour la politique étrangère. A quelques exceptions près, quand une délégation de l'UE sera présente, c'est elle qui sera le chef de file de la représentation extérieure de l'Union européenne (UE). Une petite révolution dans le monde très policé diplomatique qui aura des conséquences au-delà (j'y reviendrai). Jusqu'à présent (avant le Traité de Lisbonne), chaque pays assurait à tour de rôle cette fonction.
L'ambassadeur européen représentant des intérêts de l'UE
Sur 166 pays recensés, figurant sur le tableau diplomatique, la représentation de l'UE est effectivement assurée par un membre du service diplomatique européen dans 121 pays. Soit une nette majorité. Et cette liste comprend les principaux pays du G20 : Etats-Unis, Russie, Japon, Chine, Inde, Brésil, Afrique du sud...
Le plus souvent, la délégation est présente sur place (cela concerne 102 pays). Dans une vingtaine de pays (19 pays), c'est la délégation la plus proche qui est compétente. Une exception au principe d'origine qui voulait que l'UE ne soit compétente que lorsqu'une délégation est présente mais qui procède d'une certaine logique : reprendre le rôle tenu par les anciennes délégations de la Commission européenne dans les pays ACP, essentiellement. Il en est ainsi pour la Somalie (à partir du Kenya), du Swaziland (à partir du Lesotho), des Maldives (à partir du Sri Lanka), du Bhoutan (à partir de l'Inde), ou pour plusieurs iles des Caraibes (qui abritent nombre de pavillons de "complaisance") comme Antigua et Barbuda, St Vincent et Grenadines, Grenade... (ou la délégation de Barbade est compétente), les Bahamas (à partir de la Jamaique), ou des iles du Pacifique comme Kiribati, les iles Marshall, Nauru, Samoa ou Tuvalu (à partir de Fidji).
L'ambassadeur national représentant des intérêts de l'UE
Il reste encore une vingtaine d'Etats (22 d'après mes sources), surtout en Amérique latine, où, malgré l'existence d'une délégation de l'UE, c'est encore un Etat membre qui est chargé de la représentation extérieure. Par exemple la France à El Savador, Honduras et Vanuatu, l'Allemagne au Laos ou Paraguay ; l'Espagne en Equateur et Trinidad et Tobago ; la Hongrie en Argentine, Belarus et Jordanie ainsi qu'à Cuba et ... au Vatican ; les Pays-Bas au Costa Rica et Surinam ; la Pologne en Nouvelle-Zélande et en Irak ; le Royaume-uni en Gambie ou au Népal ; la Suède au Cambodge, au Guatemala ou en Islande. Dans 4 de ces pays (Argentine, Belarus, Jordanie, Irak), la délégation UE exercera les fonctions de représentation de l'UE au premier semestre "dès que les conditions seront réunies".
Bon courage à l'ambassadeur hongrois en Iran et au polonais en Corée du Nord
Dans les pays où n'existe pas de délégation de l'UE, on retrouve la règle traditionnelle, de la présidence tournante. Concrètement, c'est soit le pays de la présidence actuelle (Hongrie) ou suivante (Pologne) ou, s'il n'est pas présent, le pays précédent qui assure la représentation. Ainsi un ambassadeur hongrois aura la délicate charge de représenter l'UE en Iran ou en Libye. Il le fera également au Koweit, au Qatar ou dans les Emirats arabes unis. Au Turkménistan ou en Ouzbékistan mais aussi en Corée du Nord, cette charge revient à un ambassadeur polonais. A Oulan-Bator (Mongolie), à Moroni (Comores), Port-Victoria (Seychelles) ou à Rangoon (Birmanie), c'est l'ambassadeur français qui est de permanence. A Bahrein, c'est son homologue italien. En Guinée-équatoriale, c'est l'ambassadeur espagnol. A Sao Tome et Principe, c'est l'ambassadeur portugais. A Panama et au Belize, c'est le Royaume-Uni.
L'ambassadeur européen en première ligne pour les missions de défense
On peut remarquer enfin que, dans la plupart des pays où est déployée une mission européenne de défense (civile et/ou militaire), c'est désormais l'ambassade de l'UE qui a la charge de représenter les intérêts européens. Les exceptions se comptent désormais sur les doigts d'une seule main : aux Seychelles où c'est la France qui représente l'Europe, ainsi qu'en Irak où c'est l'ambassadeur polonais (en attendant que la délégation de l'UE soit opérationnelle). Notons qu'à Oman, c'est l'ambassadeur allemand qui est de permanence pour l'UE et à Bahrein, c'est l'ambassadeur italien. Deux pays "impactés" indirectement par l'opération anti-pirates Eunavfor Atalanta.