B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Actu BlogAide humanitairePolitique européenne

Une nouvelle commissaire bulgare (aide humanitaire) est nommée (Maj)

(BRUXELLES2) La Bulgarie a décidé de nommer une nouvelle commissaire européenne à la place de Roumiana Jeleva, qui avait raté son audition (1) au poste de l'Aide humanitaire et de la Réponse de crises. Il s'agit de Kristalina Georgieva, qui est aujourd'hui vice-présidente de la Banque mondiale.

Une solution qui permet d'éviter la crise

Depuis les derniers évènements (2), tout s'est accéléré à Strasbourg. La décision a été actée, ce matin très tôt. Dès la fin de son audition, Jeleva avait pris la décision de démissionner de son poste de commissaire, et même de quitter la politique, en démissionnant de son poste de ministre des Affaires étrangères. Elle parlait même de quitter la Bulgarie et d'aller aux Etats-Unis. Elle ne « supportait pas la pression » de l'avis de plusieurs personnes qui l'ont approchée. Le président du PPE, Joseph Daul, l'ambassadeur bulgare, et les représentants de la Commission l'avaient convaincu de n'en rien faire.

Mais la "contre-offensive" n'a pas porté ses fruits. Ses opposants étaient bien décidés à ne pas la laisser passer. Les réunions des coordinateurs de la commission développement se succédaient sans obtenir un accord unanime. Finalement, une réunion de la commission développement devait se réunir cet après-midi à Strasbourg. Avec vote à la clé. Le résultat était imparable : le poids des différents groupes (S&D, Libéraux, Verts...) opposés à Jeleva était tel qu'il s'apparentait à une censure. Il fallait donc éviter que l'affaire monte trop haut.

La Commission européenne voulait un candidat, ou plutôt une candidate, solide, qui puisse être irréprochable, et soit déjà dans le circuit. Kristalina Georgieva était la candidate idoine, à la fois par son crédit au niveau international et sa formation anglo-saxonne. Ce qui est aussi nécessaire puisqu'elle sera un des "commissaires-adjoints" de Catherine Asthon, la Haute représentante à la politique étrangère.

Dans sa lettre de démission communiquée ce matin très tôt, Jeleva repète qu'elle a été "atteinte dans son honneur" par les attaques.

Faire très vite maintenant

Le calendrier d'entrée en vigueur de la Commission (prévue au 1er février) est bousculé. Joseph Daul, le leader du PPE (chrétiens-démocrates) espère cependant que la nouvelle Commission pourrait cependant entrer en lice avant le sommet extraordinaire du 11 février. Ce dont tout le monde est conscient dans les institutions. Mais il ne faut pas décrédibiliser tout le processus des auditions. Il faut ainsi au moins laisser 2 semaines à la nouvelle commissaire pour se préparer puis avoir un vote en plénière du Parlement européen. L'audition pourrait alors avoir lieu début février (le 3 février a confirmé Jerzy Buzek, le président du Parlement européen). Et le vote lors de la plénière, le 9 février, à Strasbourg (ce qui ne peut que réjouir l'Alsacien qu'est Joseph Daul).

Chacun est cependant conscient que le temps mis à profit ces derniers jours par la Commission européenne a consisté à trouver un candidat irréprochable et préparer le terrain avec les principaux groupes. Trouver le futur commissaire bulgare au sein de la Banque mondiale a plusieurs avantages : son passé a déjà été "lustré", examiné à plusieurs reprises par la Banque mondiale qui lui a donné en quelque sorte son blanc sein. Elle est à l'écart de la politique politicienne bulgare qui est mortifère. Et elle a un passé international qu'ont aujourd'hui peu de Bulgares. Un candidat plus acceptable aussi pour le président de la Commission européenne. Le départ de Jeleva n'a d'ailleurs pas arraché trop de larmes au Berlaymont (lire le communiqué de la Commission européenne).
GEORGIEVA_Kristalina.jpg
Le parcours très international de Kristalina Georgieva

Kristalina Georgieva, est aujourd'hui Vice-Présidente et secrétaire de la Banque mondiale, depuis mars 2008. Mais elle travaille pour l'institution internationale depuis 1993, selon le CV déposé à la Banque mondiale.

Titulaire d'un doctorat en économie et d'une maîtrise en économie politique et en sociologie de l'Université d'économie de Sofia, elle a aussi effectué des travaux de recherches et des études en économie et politique environnementale à la London School of Economics et à l'Institut de Technologie du Massachusetts. Ensuite, elle occupe plusieurs postes universitaires et de consultation en Bulgarie et les États-Unis.

Entrée à la Banque Mondiale, elle occupeplusieurs postes techniques et de gestion, principalement sur les questions d'environnement et de développement durable. De 1993-1997, elle est économiste chargé de projets environnementaux en Europe centrale et orientale. Durant la crise de l'Asie orientale, comme Directeur de l'Environnement et du Développement social de la région Asie, elle supervise la conception et la mise en oeuvre de programmes sur les principaux sujets sociaux, la réponse aux préoccupations de la Banque dans la région au sujet des risques
environnementaux. Comme
Directeur de l'Environnement de 2000-2004, elle dirige la préparation de la stratégieenvironnementale de la Banque mondiale. De 2004 à 2007, elle devient Directeur des opérations responsable de toutes les activités de la Banque mondiale en Russie, gérant un portefeuille de 2,2 milliards de dollars de projets dans la gestion publique, la santé, l'éducation, au développement municipal et de l'environnement. En 2007, elle assume des responsabilités de la stratégie et des opérations dans le réseau de développement durable de la Banque mondiale.

Lire également :

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®