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Les trois conditions d’un engagement français à la défense anti-missiles

Le projet de défense anti-missiles procède d'un douloureux choix à lire le Rapport que vient de faire paraître le sénateur français Josselin de Rohan, préalable à une discussion plus large qu'entame le Sénat (1). Soit la France participe et elle risque une dérive budgétaire, soit elle ne participe pas et elle risque à la fois l'effacement stratégique et de perte de marché pour l'industrie française de la défense. Entre le Charybde budgétaire et Scylla stratégique, le choix du sénateur est fait : c'est un engagement lié à trois conditions.

1° Eviter le siphonnage des budgets de défense

Pour le sénateur, il faut notamment veiller, dans la définition du système de commandement et de contrôle (C2), aux conditions dans lesquelles seront raccordés ses propres moyens nationaux et aux règles d’engagement. Il faut également garder « une maîtrise financière des investissements de l’OTAN - le financement commun devant en tout état de cause se limiter au C2 » - et éviter le « siphonnage des budgets de défense européen » comme pour le programme d'avions de chasse JSF.

Il précise également (ce qui est le leitmotiv français) que la défense anti-missile doit intervenir « en complément et non en substitut à la dissuasion », et qu'il est nécessaire d'y associer la Russie, ce qui suppose d’avoir « une vision commune de la menace, des règles claires de circulation de l’information – par qui, à qui et dans quels cas – et enfin des règles robustes et prédéfinies d’engagement ».

2° Investir "bleu blanc rouge"

La réalisation du radar M3R doit être « accéléré » pour pouvoir mettre en œuvre de manière autonome à une échéance plus rapprochée le système de défense anti-missile de théâtre SAMP/T, afin de « consolider la contribution française au programme ALTBMD de l’OTAN ». L’effort visant à acquérir une capacité d’alerte spatiale dans la seconde moitié de 2010 « doit être maintenu et si possible accéléré » afin d’honorer les rendez-vous calendaires envisagés.

La France doit développer ses compétences dans les technologies de l’interception. L’enveloppe consacrée aux études-amont devrait être majorée, par rapport à ce qui est prévu : environ 50 millions d’euros de crédits de recherche et de technologie (par an).

3° Sensibiliser les Européens à travailler ensemble

L’Italie et la France réalisent déjà le système de défense anti-missile de théâtre SAMP/T ; « il conviendrait de conforter ce partenariat ». La défense anti-missile pourrait également traitée dans le cadre du partenariat stratégique France - Royaume-Uni ».

De façon générale, la France devrait « sensibiliser tous ses partenaires européens à l’enjeu que représente la possession de certains moyens propres de défense anti-missile balistique » estime le Sénat. L’alerte avancée apparaît comme « un domaine prioritaire de coopération », de même que le domaine de l’interception.

(1) Le Sénat français lance une réflexion sur la défense anti-missiles

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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