Une dissuasion nucléaire franco-britannique alternée ?
(BRUXELLES2) L'idée d'un partage d'un partage des capacités de dissuasion nucléaire sous-marine, entre la France et le Royaume-Uni, refait surface si l'on peut dire et pourrait être à l'ordre du jour de la rencontre au sommet à Londres entre Nicolas Sarkozy et David Cameron, début novembre.C'est notre confrère britannique, The Daily Independant, qui l'affirme.
Les Britanniques semblent se résoudre, contraints et forcés, à une coopération avec les Français. La volonté des tories britanniques de remplacer le Trident se heurte au refus du chancelier du Trésor de trouver les financements nécessaires dans le budget général (20 milliards de livres). George Osborne exige que ce soit la Défense qui paient l'investissement sur ses fonds propres. Ce qui en l'état de la révision budgétaire semble quasiment impossible. Il ne restera plus un cent à la Défense...
La collision entre le Vanguard britannique et le Triomphant français avait démontré, en février 2009, toute la vatuité de cette force qui doublonne d'un coté et l'autre de la Manche. Et l'idée avait été mise sur la table d'avoir un sous-marin en permanence de l'une ou l'autre nation, de "garde". Ce qui permettait de diminuer le nombre de sous-marins part et d'autre. Cette hypothèse avait été envisagée lors de la rencontre Sarkozy-Brown en mars 2010, mais mis sous le boisseau pour cause d'élection coté britannique. Elle ressurgit donc et fait partie des multiples options étudiées à Londres comme à Paris, aux cotés d'autres (comme les pétroliers ravitailleurs par exemple).
Le hic semble-t-il que ne mentionne pas nos confrères britanniques réside dans le financement. Apparemment, Londres est prêt à mettre beaucoup de sujets sur la table et partager les moyens... si Paris assure le financement. De façon lapidaire, les Britanniques seraient prêts à fournir leurs équipements et la France, en "contrepartie", se charge de financer les nouveaux moyens. Gageons donc que les prochaines semaines soient encore fortes en spéculation en tout sens avant que l'Entente cordiale ne règne...
Une excellente étude vient d'être publiée par Chatham House "Britain and France : a dialogue of Decline" qui précise les 11 secteurs à la coopération franco-britannique et erne les heurts et tourments des stratégies de défense des deux frères ennemis (télécharger ici).
(1) Lire : Liam Fox part en guerre contre les coupes budgétaires dans la défense
(Nicolas Gros-Verheyde)
Le hic n’est pas financier, il est politique, stratégique, militaire, etc. La seule chose que nous pouvons partager en matière de dissuasion, c’est l’information selon laquelle notre dissuasion est en place et fonctionne. Pour le reste, circulez.
Je n’ai rien contre une mise en commun, mais comme le disait très bien Morin : d’abord un seul Etat, une seule nation, et ensuite on mettra les armées en commun.
Si l’on revenait aux fondamentaux ? La dissuasion ne peut protéger que les intérêts vitaux du pays. La décision revient au chef de l’Etat. D’un côté ou de l’autre de la Manche. Comment peut-on faire croire qu’on va partager cette dissuasion,alterner les patrouilles, ou que sais-je ? Ou alors on a fait un bond fabuleux dans l’intégration européenne ! Mais je n’en ai pas entendu parler …
Je partage sans réserve les positions de Fossatie et Midship !
Toutes les hypothèses farfelues qui se développent autour d’un double rapprochement politique et stratégique de ce type déservent cruellement à la fois la crédibilité de la défense, celle de la dissuasion et celle du projet d’Europe politique !
Evitons de tomber dans le panneau !