Piraterie maritime

Cathy et Jack à la poursuite des pirates… à Maurice

(BRUXELLES2) Cathy et Jack, bras dessus, bras dessous à l'Ile Maurice ? La photo fait rêver. Attendez quelques jours encore.

La diplomate en chef de l'UE, Cathy Ashton, sera en effet, dans l'Océan indien, du 6 au 8 octobre. Une deuxième visite dans la région après la Tanzanie, le Kenya et les Seychelles en mai dernier (1) Au menu, une visite en Afrique du Sud, un partenaire incontournable dans la région tant au plan commercial comme de la sécurité du continent (Somalie, Soudan, Zimbabwe). Et une présence à la deuxième conférence anti-piraterie des pays de la région qui se déroule cette fois à l'Ile Maurice, suite de la réunion des Seychelles de mai dernier. La Baronness Ashton aura alors à ses cotés, Jack Lang, l'envoyé spécial de l'ONU sur la poursuite en justice des pirates.

Ce devrait être l'occasion de mettre la dernière main à l'accord que signera l'UE avec l'ile de l'Océan indien pour qu'elle accepte d'accueillir et juger des pirates appréhendés par les forces européennes. En échange, Maurice pourrait bénéficier d'une assistance supplémentaire de l'UE, notamment de nouveaux bâtiments (tribunal, salles d'interrogatoire et centres de détention de 50 places) ainsi qu'une assistance technique et judiciaire en matière de formation (2). Mais les Mauriciens souhaiteraient voir également certains autres frais pris en charge comme les frais de patrouille. Ce sera aussi l'occasion de tester la réelle volonté des sud-africains de participer à la lutte anti-piraterie (par des moyens opérationnels, financiers, voire en prenant en charge le jugement ou l'emprisonnement des pirates...). D'autres accords sont aussi en négociation avec la Tanzanie notamment. (l'hypothèse "Ouganda" semble désormais exclue après l'attentat de juillet).

Cette réunion régionale est importante pour Cathy Ashton qui a été pressée par certains ministres d'Etats membres, comme Carme Chacon de faire la "top priorité" de ces accords (3). La piraterie a désormais des conséquences économiques réelles : diminution du trafic maritime, du tourisme de luxe, hausse du coût des marchandises (environ 25 euros de plus au containeur transporté)... Et les Etats craignent avant tout que la piraterie s'étende à terre, comme me l'ont confié plusieurs interlocuteurs. « Ils craignent le risque de prise d'otages dans des hôtels ou iles plus isolés » qui sonneraient comme un mauvais signal pour des iles comme les Seychelles ou Maurice qui vivent, en grande partie de ce tourisme.

Une réunion plus politique également

Cette réunion est aussi novatrice. Car nombre de pays de la région "n'avaient pas l'habitude de se parler et de résoudre directement leurs problèmes" estime-t-on du coté européen. Il y a nombre de litiges sur le tracé des zones territoriales maritimes voire revendication d'ilôts entre les différents pays. Et l'UE par son mode de fonctionnement peut être un "modèle".

Tous les pays de la région et membres de la COMESA (le marché commun de l'Afrique orientale et australe) devraient ainsi se retrouver : Afrique du Sud, Seychelles, Maurice, Mozambique, Tanzanie, Comores... . D'autres pays ou régions seront représentés au plan technique comme l'Inde ou la Chine, représentés par l'ambassadeur, ou la France, par les autorités de la Réunion, ainsi que Madagascar (pays de la région mais qui du fait du coup d'Etat ne devrait pas être présent au niveau ministériel).

Le récent accord de défense signé entre les Comores et la France - malgré le différend sur le statut de Mayotte (qui lors de l'indépendance de l'archipel avait voté pour le rattachement à la France) est un signal important de cette volonté nouvelle de trouver des solutions au niveau régional. La France devrait notamment aider les Comores à moderniser sa marine pour protéger ses côtes, et sa zone économique exclusive (disputée avec le Mozambique), de la piraterie.

(1) Lire également :

(2) Lire également :

(3) Pour Carme Chacon, la « top priorité » c’est la poursuite en justice des pirates

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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