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Le pouvoir d’influence de l’Europe, expliqué « pour les nuls », par Hillary Clinton

C'est Hillary Clinton qui est venue en personne dire tout le bien qu'elle pense de la politique étrangère de l'Union européenne, et de sa Haute représentante, Cathy Ashton. C'était à l'émission Record Europe de la chaine parlementaire de la BBC. Et les deux femmes étaient réunies sur le plateau, interrogée par notre confrère Shirin Wheeler.

« Oui maintenant j'ai quelqu'un au téléphone pour me dire : "What’s Europe thinking today" » explique la Secrétaire d'Etat US qui dresse un portrait élogieux de son homologue européenne. « J'ai trouvé quelqu'un qui a pris ce travail avec une énergie extraordinaire et je sais que c'est un énorme travail qu'elle a entrepris pour l'Union européenne ». Le fait d'être « deux femmes » a joué, estime–t–elle avec cette relation autant politique que personnelle. « Nous avons toutes deux été impliquées depuis longtemps dans la politique de nos pays respectifs. (...) Et c'est aussi, pour moi, un réel plaisir de pouvoir non seulement parler de choses sérieuses, mais aussi de nos enfants, des achats qu'on peut faire... ».

Une répartition du travail entre UE et Etats–Unis

Puis répondant à certaines critiques qui se sont exprimées notamment sur l'absence de Cathy Ashton à l'ouverture des négociations sur le Moyen–Orient (1), Hillary Clinton a tenu à mettre en avant la nécessité d'établir des priorités entre l'UE et les Etats–Unis. « Je crois qu'on peut dire, 24 heures par jour ne suffiraient pas à répondre à toutes les attentes, toutes les obligations, les demandes que chacun de nous peut recevoir. Nous devons donc établir des priorités. » « l'Union européenne et les États-Unis doivent se présenter en tant d'endroits différents. Et je pense donc que ce que Cathy et moi essayons de faire, c'est un travail de pionnier, quelque chose qui ressemble à une approche coopérative et même une division du travail. »

Le travail d'influence

S'appuyant sur la question du Moyen Orient, Hillary Clinton illustre ainsi cette division du travail entre l'UE et les USA. Elle commence tout de suite par démentir l'impression d'une faiblesse européenne et met sur la lumière sur un autre angle. « Je pense que c'est une perception erronée de croire que l'UE n'est pas en mesure d'exercer une influence » explique la Secrétaire d'Etat US. « Il y a tellement de travail à faire dans tous ces défis complexes de la politique étrangère - le renforcement de l'Autorité palestinienne, les relations que l'UE avec  le monde arabe, se faire l'avocat qu'une solution à deux Etats est dans le meilleur intérêt du peuple palestinien est une grande partie du contexte de négociation. Les États-Unis, dans nos efforts pour rapprocher les parties, jouent un rôle différent. »

« (...) je pense que l'analyse à somme nulle de la politique étrangère est vraiment dépassée. Nous n'avons plus ces questions linéaires où il était facile de décider. (...) Durant la guerre froide, il était très clair de savoir de quel côté nous étions et comment nous avons travaillé ensemble (...). Nous vivons dans un environnement beaucoup plus compliqué maintenant. Ce n'est pas que nos problèmes sont pires. (...) Mais ils sont différents. Et ils exigent une utilisation différente du hard power comme du soft power. Quand je suis devenu secrétaire d'État, je l'ai dit aux États-Unis allait commencer à utiliser le Smart power, qui est une combinaison de ces outils et de s'éloigner de ce genre d'analyse et de réaction du tout ou rien. Dans ce partenariat entre l'UE et les États-Unis, je pense il faudra un certain temps pour s'ajuster et dans les Etats membres nous avons tous encore notre rôle à jouer individuellement, bien sûr. Mais ce type de coopération est la seule réponse face à la complexité à laquelle nous nous sommes confrontés au 21e siècle. »

Pour écouter une partie de l'échange : BBC The Record Europe

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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