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Utiliser les battlegroups en cas de catastrophe ?

(BRUXELLES2) Cette proposition a été lancée par le ministre autrichien de la Défense, Norbert Darabos, lors de la réunion informelle des ministres de la Défense de Gand. « L'année 2010 a été marquée par les catastrophes naturelles les plus graves, comme en Haïti ou au Pakistan, où les plans d'intervention et d'assistance de l'UE requièrent des moyens militaires », a expliqué Darabos à ses collègues. « Il pourrait être judicieux d'utiliser notre force de réaction rapide, qui est fort coûteuse et n'a pas encore utilisée, dans cet usage. Ce serait un signe visible de l'aide humanitaire de l'UE ». « Le battle-group pourrait être utilisé par exemple pour créer un environnement sûr pour les organismes d'aide humanitaire » a-t-il complété. Une idée soutenue par le ministre espagnol de la Défense. Mais pas automatiquement par toutes les délégations.

Commentaire : si on peut comprendre l'intérêt d'un battlegroup pour faire face à une situation sécuritaire difficile (1), suite à une catastrophe, ce qui répond d'ailleurs à l'assouplissement de l'utilisation des battlegroups décidé en 2009 (2), en revanche l'utilisation d'un tel instrument dans une situation de désastre sans risque sécuritaire avéré (type incendies en Russie ou tsunami) paraît délicat pour deux raisons : d'une part, ce n'est ni la vocation d'une force de réaction rapide, ni son entraînement ; d'autre part, cela peut poser nombre de problèmes de confusion des rôles entre militaires et humanitaires, et générer des tensions inutiles. Cette utilisation serait rapidement contre-productive. Il vaut mieux avoir des forces spécialisées dans cette intervention de catastrophes (type B'Fast belge ou Sécurité civile française ou pompiers dans plusieurs pays) - qui, même si elles ont un statut militaire ont une forte tonalité (et apparence) civile. Quitte à les soutenir par un élément de transport aérien ou héliporté. Car ce qui manque surtout en situation de catastrophes, c'est le transport, voire la logistique. Ce qui peut donc être plus utile est donc davantage un dispositif de transport aérien type EATC, voire le futur dispositif pour les hélicoptères évoqué par Pieter de Crem en conclusion de la réunion (3).

(1) Lire également : Séisme à Haïti: Un battlegroup doit-il partir ?
(2) Des Battle groups (un peu) plus souples d’emploi
(3) Le "cadre de Gand"

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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