Une mission européenne “sécurité” au Sahel ? On y réfléchit…
(BRUXELLES2) C'est pour l'instant plutôt une hypothèse de travail que la planification d'une nouvelle mission ou un réel engagement. Mais les ambassadeurs du Comité politique et de sécurité (COPS) pourraient aborder la question de la sécurité dans certains pays du Sahel très prochainement.
Des pays comme le Mali, la Mauritanie, le Niger ou le Burkina-Faso souffrent, en effet, de certains maux similaires. Un risque d'insécurité accru pour les travailleurs, membres d'ONG ou touristes, plutôt récent par rapport aux années antérieures, et la volonté de plus en plus affirmée de trouver des mécanismes de coopération régionale contre le terrorisme. Les contacts et initiatives se multiplient dans ce sens. Et plusieurs séries de besoins ont été détectés par les experts internationaux : du renforcement de l'Etat de droit et la gouvernance à l'amélioration de la capacité des États en matière de sécurité et de justice en passant par des actions pour aider à réduire et prévenir la radicalisation et le recrutement terroristes.
Une prise de conscience africaine et européenne
Les chefs d'état-major de plusieurs pays de la région - au sens large (puisque la Libye ou l'Algérie étaient également associées) se sont rencontrées à la mi-avril pour convenir de la cré́ation d’un mé́canisme ré́gional chargé́ de coordonner les activité́s de lutte contre le terrorisme. Cette réunion a été suivie par une réunion ministérielle. L'UE a une mission d'appui à l’Union africaine notamment en matière de mécanisme d'alerte rapide et de contre-terrorisme. Tandis que la Commission européenne a, depuis plusieurs mois, inscrit la région du Sahel comme une des priorités de l'instrument de stabilité 2009-2011 (avec l'Afghanistan et le Pakistan). Par ailleurs, la France comme l'Espagne ont engagé des actions bilatérales avec plusieurs pays de la région.
Coopération transfrontalière et lutte anti-terroriste
L'objectif est donc de voir la plus-value que pourrait ajouter une mission de l'Union européenne, qui pourrait reprendre certains acquis de ces différentes expériences. Plusieurs missions d'experts européens sont parties dans la région. Et un rapport d'évaluation est en cours de "finalisation" dans les différents services concernés. C'est sur la base de ce rapport que pourront être dessinée une feuille de route et différentes options formalisées. L'action de l'UE pourrait, ainsi, se traduire par une mission PeSDC et/ou une mission d'assistance et d'expertise. Plusieurs volets sont, en effet, envisagés : la lutte anti-terroriste (formation, équipements...), l'observation et la coopération transfrontalière, Etat de droit, soutien financier et en personnel...
Un processus qui pourrait s'accélérer
Les derniers évènements - l'enlèvement de plusieurs employés d'Areva et Satom, jeudi, dans le nord du Niger qui sonne comme un écho à la mort annoncée fin juillet de l'otage Michel Germaneau au Mali - pourraient accélérer le processus de décision, estime-t-on du coté diplomatique européen.
(Nicolas Gros-Verheyde)