B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Actu BlogAsie

Le retrait d’Afghanistan devient un enjeu de la campagne électorale belge

L'homme auteur du coup, Dirk Van der Maelen

(BRUXELLES2) Le coup est parti des socialistes flamands: le SP-A. Dans une interview au quotidien le Soir, Dirk Van der Maelen (député à la Chambre) demande un retrait des troupes belges d'Afghanistan et en fait, même, une condition de la participation des socialistes au gouvernement. Ce retrait devrait intervenir, selon lui, "dès 2011, en phase et de manière coordonnée avec les partenaires". Il concernerait au premier chef les F16 (basés à Kandahar), puis les opérations au nord, et enfin Kaboul. "Je trouve scandaleux que les pays riches, l'OTAN, l'Europe, dépensent 100 milliards de dollars par an pour une guerre qui ne résout rien" estime le député flamand.

CarteAfghanistanMilBelg.gif
Les positions des militaires belges (crédit : ministère de la défense de Belgique)

Certes cette position est soutenue seulement par les écologistes du nord et du sud du pays (Groen et Ecolo) qui restent minoritaires. Les partis majoritaires (libéraux et chrétiens-démocrates), soutiennent le respect des engagements alliés en Afghanistan et estiment nécessaire de rester sur place pour éviter le retour des Talibans. "On ne peut pas sortir prématurément d'Afghanistan. La sécurité de l'occident s'y joue. Il faut soutenir le processus 'd'afghanisation' via la reconstruction alors d'un désengagement prématuré favoriserait la talibanisation", a encore dit le libéral Denis Ducarme (Mouvement réformateur) dans les colonnes de la Libre Belgique.

Commentaire

Cette prise de position, dans un contexte de campagne électorale, ne doit cependant pas être dédaignée. Car, d'une part, elle rencontre une large partie de l'opinion (surtout au nord du pays) qui ne comprend pas l'objet de cette guerre lointaine et pour qui l'argument du coût résonne en ces temps de crise : plus de 109 millions d'euros selon le SP-A, 54,2 millions d'euros réplique le MR). D'autre part, elle pourrait entraîner une négociation de plus pour la formation d'un gouvernement de coalition (toujours obligatoire en Belgique vu le système électoral).

Parmi les concessions nécessaires en cas de formation d'un nouveau gouvernement, comprenant socialistes flamands et écologistes, pourrait ainsi figurer, à défaut d'un retrait total, au moins un arrêt de renforts et un retrait partiel. On se souvient que c'est cette question qui avait conduite à la dissolution de la coalition au pouvoir, de l'autre coté de la frontière, aux Pays-Bas (1), justement suite à la volte-face des socio-démocrates. Elle confirme ma précédente analyse du caractère de plus en plus clivant et politisé de l'engagement militaire européen en Afghanistan (2).

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Rififi à La Haye autour du retrait d'Afghanistan

(2) Le gouvernement NL chute sur l’Afghanistan, un tournant de la guerre ?

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®