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Le conseil des ministres de la Défense quitte l’adolescence

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(crédit photo : Conseil de l'UE - Catherine Ashton & Hervé Morin)

(B2, LUXEMBOURG) C'est un petit pas. Mais un pas quand même vers l'autonomisation des ministres de la Défense de l'UE. Après la réunion de Palma en février où le principe avait été discuté (1), la réunion des ministres de la Défense, lundi à Luxembourg, a été marquée par plusieurs signes marquant chez les ministres la volonté de traiter, de façon autonome, les sujets défense.

Des petits pas vers l'âge autonome

Tout d'abord, les ministres de la Défense se sont d'abord rencontrés autour de la représentante en chef de l'UE pour les affaires étrangères, Cathy Ashton, pour un dîner la veille au soir. Un dîner convivial, de la "réconciliation" pourrait-on dire puisqu'il avait surtout pour objectif de "recoller" les morceaux entre la Haute représentante et "ses troupes", après les dégâts de son absence de l'informelle de Palma de Majorque.

Ensuite, les 27 se sont à nouveau rencontrés, le matin, et ont adopté — c'est une première — certains documents "Défense" du Conseil. A savoir les conclusions sur la stratégie de sécurité maritime - selon le ministre français de la Défense Hervé Morin - ainsi que les conclusions sur la PESD - selon son homologue espagnole, Carme Chacon (2). D'ordinaire, ces documents étaient éventuellement rediscutés et adoptés lors de la session conjointe avec les Ministres des Affaires étrangères. « Nous avons discuté le document sur la sécurité maritime. Et Catherine Ashton a dit : c'est adopté » a expliqué à la presse Hervé Morin. « Pour moi, c'est une évolution notable et nécessaire. (...) Imaginez, nous avions aujourd'hui, sur notre agenda, 45 minutes sur l'Afghanistan. Avec 54 ministres autour de la table et le secrétaire général de l'OTAN, FA Rasmussen, en invité, cela ne permet pas vraiment... d'approfondir ! » « Il faut donc un nouveau format pour les réunions des ministres de la Défense » justifie Hervé Morin. Propos approuvé par plusieurs ministres autour de la table (espagnol et allemand notamment).

Deux évolutions futures sous présidence belge

Du coté de la Haute représentante, on n'est pas aussi enthousiaste que les Français et Espagnols, on reste plus prudent. « Cela pose encore quelques problèmes pour certains Etats » explique un proche de Cathy Ashton, notamment les pays où existe une coalition et où les ministres de la Défense et des Affaires étrangères sont de couleur politique différentes (Rép. Tchèque ou Pays-Bas par exemple). Difficulté que reconnaît Hervé Morin. Mais « il existe cependant des solutions pour éviter que des ministres d'un même pays n'expriment des vues différentes selon la réunion où ils se trouvent ».

Les 27 pourraient ainsi se mettre d'accord sur un agenda plus précis sous la présidence belge. Et les expérimentations se poursuivre et s'ancrer dans la réalité.

Cette évolution pourrait se produire dans deux directions selon un diplomate européen. D'une part, des réunions "autonomes" des ministres de la Défense pourraient se tenir en dehors des réunions des ministres des Affaires étrangères et, donc, sans leur présence. Ce qui faciliterait à la fois l'agenda des réunions et permettrait à la Haute représentante. D'autre part, les réunions des ministres de la Défense pourraient être décisionnelles ; les ministres de la Défense se prononçant sur les sujets de leur propre compétence - notamment en matière de capacités.

NB : Précisons qu'il ne s'agit pas d'un nouvelle formation du Conseil. Formellement la formation reste le Conseil des Affaires étrangères (formation actée dans le Traité). Mais celui-ci se réunira en format "Ministres de la Défense". Il existe déjà des réunions différentes des ministres du Développement ou du Commerce, dans ce cadre.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Lire : Les Ministres de la Défense de l'UE auront leur Conseil "décisionnel". Bientôt ?

(2) Télécharger les conclusions des ministres de l'UE sur la sécurité maritime.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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