B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Actu BlogIndustrie de défense

Un A400M pour l’UE. Et si ce n’était pas qu’un poisson…

EchoFlightafrica01cJanVanBrussel-Echo.jpg
(crédit : CE-ECHO/J.VanBrussel)

(BRUXELLES2)Le 1er avril se termine. Et il est évident que ce site ne pouvait faillir à la tradition. L'année dernière, Von Wogau, l'eurodéputé président de la sous-commission Défense avait brillamment innové dans la rubrique avec sa proposition de "cabines blindées de traduction pour Eufor Tchad". J'espère avoir été à la hauteur cette année avec cet A400M pour Ashton. Encore que... ce poisson pourrait ne pas en être tout à fait un. Le besoin d'avions de transport est, en effet, très sérieux au niveau européen.

Un besoin réel

La crise à Haîti comme précédemment celle du Tsunami, l'évacuation des citoyens de Géorgie lors du conflit russo-géorgien de 2008, ou les opérations de déploiement au Tchad ou en Géorgie ont montré tout l'intérêt des moyens aériens de transport tout terrain. Or le transport aérien militaire est une lacune capacitaire toujours constatée en Europe. La crise budgétaire ne va pas arranger cela. Une participation directe de l'Union européenne à un équipement aérien correspond à une nécessité politique (faire ce que les Etats ne peuvent faire tout seul). En terme budgétaire, cela a un coût mais pas extraordinaire (en sachant qu'un tel avion s'amortit sur une trentaine d'années minimum, cela reviendrait équipage et entretien compris, fuel non compris à environ 10 millions d'euros / an). Et il y a des précédents, notamment avec ECHO flight le service de l'Office européen d'aide humanitaire qui transporte les travailleurs humanitaires en Afrique (coût en 2008 : environ 8 millions d'euros). En matière de communication cet "EU Air Force" aurait un avantage indéniable : avoir une symbolique de l'action de l'UE très réelle en matière humanitaire, de sécurité civile dans le monde.

De faux obstacles. Certains pourront sans doute arguer que la ligne budgétaire A ou que l'article B du Traité interdit ce type d'équipement. Je ne crois pas vraiment à ce type d'argument. S'il y a une volonté politique, il est tout à fait possible de trouver une solution. Et en matière aérienne, de multiples formules de leasing, de partage de capacité ou de coûts (sharing) ont été mises en place qui permettent de trouver une solution. D'ailleurs cette option d'achat d'heures de vol sur des avions déjà existants (Hercules C130J notamment) a été étudiée au sein de l'Etat-Major militaire de l'UE. Il est temps maintenant de sauter le pas... Pourquoi tout simplement l'UE ne pourrait contribuer à la force EATC (1) à Eindhoven, en prenant des créneaux horaires : un avion serait toujours réservé par les Etats membres qui participent à cette force pour l'UE ?

Un peu d'audace et de projets concrets

Il est indéniable que les esprits évoluent dans les Etats membres, chacun sentant bien qu'avec les évolutions budgétaires actuelles le "chacun pour soi" national a fait son temps... Le moment est venu pour l'UE de retrouver un tant soit peu des projets mobilisateurs, assez simples et faciles à comprendre pour le grand public et qui favorisent les synergies entre les Etat-membres.

(crédit : CE-ECHO/J.VanBrussel)

(1) Feu vert au commandement aérien européen EATC. Une petite révolution

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®