Vers une mission européenne de sécurisation à Haiti ? (maj)
(BRUXELLES2 / mis à jour ven. 19h) La demande de Ban Ki Moon après le séisme à Haïti est sur la table des Européens. Et il s'agit d'y répondre de façon qui fasse honneur aux Européens (un peu mieux que pour le Congo). Les 27 ambassadeurs du COPS se penchent sur la question aujourd'hui vendredi. Et les Ministres des Affaires étrangères vont en discuter lundi. Une nouvelle opération PeSDC sera-t-elle lancée ? Ou profitera-t-on (pour la première fois) des dispositions du Traité de Lisbonne qui permet de confier à un groupe de pays la possibilité de conduire une mission ? (*). En fait ni l'un ni l'autre a priori (lire le 3e paragraphe)
Etre à la hauteur. Le Premier ministre espagnol, Jose-Luis Zapatero, mercredi, devant le Parlement européen à Strasbourg. Face au désastre en Haïti, « L'Europe doit être à la hauteur (...) Nous allons offrir une réponse forte à leurs besoins d'aide internationale. » . Ce n'était pas juste une parole en l'air pour faire bien dans une enceinte acquise à la cause européenne. Il s'agissait d'envoyer un message tout d'abord à certains Etats plus réticents que la France ou l'Espagne pour s'engager de façon coordonnée en Haïti. Une manière aussi de dire et de soutenir Catherine Ashton, la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères. pour qu'elle défende un certain niveau d'ambition proprement européenne
Sécurisation. Une des options envisagées consiste à mettre une unité européenne de police/gendarmerie au service de la Minustah, le plus rapidement possible, forte de quelques centaines d'hommes. Il s'agirait ainsi de reprendre le relais des militaires Américains (dont ce n'est pas vraiment le job), pour une durée inférieure à un an (six mois environ), le temps que la MINUSTAH reconstitue ses forces. L'effectif nécessaire à la mission ne semble pas un problème (**). L'Espagne est favorable à une telle mission et a promis plusieurs dizaines d'hommes de la Guardia Civil. La France a déjà indiqué pouvoir engager au plus 100 gendarmes durant 6 mois. Reste à faire valider l'idée par les autres Ministres des Affaires étrangères. Ce serait la première mission (civile) de défense sur le continent américain.
Ce n'est pas tout à fait une mission PeSDC, m'ont précisé plusieurs diplomates. On est davantage sur le modèle de ce qu'avaient fait les Européens pour la Finul II au Liban. Une offre groupée, coordonnée, structurée aux Nations-Unies. Les hommes envoyés opérant dans le cadre légal et dans le contexte de la MINUSTAH. Il ne s'agit, en effet, pas de doubler la mission et la chaîne de commandement déjà en place. Il s'agit également de faire vite. Monter une mission PeSDC aurait pris trop de temps...
(*) article 44 du Traité de Lisbonne
(**) Alain Leroy, le responsable du département maintien de la paix (DKPO) à l'ONU a demandé 457 hommes en tout dont une partie
d'Européens.
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