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La nouvelle stratégie de l’OTAN en Afghanistan s’affirme. Ou une stratégie de sortie qui ne dit pas son nom

(BRUXELLES2) La réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN s’est déroulée quasiment comme sur des roulettes. Les 28 membres de l’OTAN et leurs alliés ont avalisé, sans coup férir, un renfort militaire. Ils fourniront bien 7.000 hommes de plus, demandés par les Américains, a expliqué le secrétaire général de l’Otan, Fogh Anders Rasmussen. Coréens, Géorgiens, Italiens, Polonais, Hongrois… Tous s’y mettent.

Mais, côté français, on reste discret. Le principe affirmé par Nicolas Sarkozy de non-augmentation des troupes reste la règle officielle. Avec 3900 hommes engagés, c’est déjà suffisant. Ce qui ne peut empêcher, explique un officier, « des renforts ponctuels si la nécessité l’exige ». Possibilité confirmée par Bernard Kouchner, lui-même: « Bien sûr, si des besoins se font jour on les satisfera. Si on a besoin par exemple d'un hélicoptère de plus, on l'enverra. »

Les Alliés ont cependant compris qu’ils devaient infléchir leur stratégie. Le maître-mot, désormais, est donc « Afghanisation ». C’est-à-dire la reprise en main par les Afghans eux-mêmes de leur sécurité. Ce qui passe par la formation des forces afghanes, armée comme police. L’armée française a ainsi déjà passé le relais dans la région de Kaboul aux Afghans depuis un an maintenant. Et elle s’est regroupée sur une seule région : la zone Kapisa-Surobi, en déployant à la fois les moyens militaires purs, d’attaque, mais aussi les équipes dites OMLT, chargées de la liaison avec les forces afghanes, et les 150 gendarmes qui vont assurer la formation d’une force de gendarmerie afghane.

Même si, à l’OTAN, le mot de stratégie de « sortie » reste tabou et qu’on lui préfère celui de « transition », tout le monde en effet y pense et sait pertinemment, comme le résume un diplomate, qu’un engagement militaire de cette importance « ne peut durer indéfiniment».

Nicolas Gros-Verheyde (paru dans Ouest-France - samedi).

Crédit photo : Otan - Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l'Otan à la séance des Ministres. A ses cotés, le secrétaire général adjoint Claudio Bisogniro - crédit photo Otan (à gauche), le président du comité militaire de l'Otan, Admiral Giampaolo Di Paola (à droite). Un peu plius loin : Catherine Ashton, la Haute représentante de l'UE dont c'était la première réunion.

 

 

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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