Le Royaume-Uni étudie un repli et l’abandon de certaines bases dans l’Helmand
(BRUXELLES2) L'armée britannique - et son nouveau chef d'Etat major, General Sir David Richards - étudie un retrait partiel en Afghanistan. Ou plutôt un repli sur les villes les plus importantes de la province de Helmand, en abandonnant notamment certaines bases, comme Now Zad ou Musa Qala reconquise sur le Talibans en 2007 au prix de lourdes pertes. L'information est parue dans le Sunday times, ce week-end. Et elle devrait faire du bruit. Elle marquerait ainsi une inflexion très nette de la stratégie des Occidentaux dans le pays. De fait, celle-ci reprendrait en partie la stratégie suivie par les Soviétiques. Comme l'explique un officier supérieur au journal : « Nous devons concentrer nos efforts sur quelques zones géographiques. Nous devons sélectionner quelques zones à tenir et faire le job convenablement ». Ce recentrage a été, plus ou moins, confirmé officiellement par le ministre de la Défense, Bob Ainsworth au Sunday Times. Sans vouloir s'étendre sur les détails du plan, il a expliqué qu'il fallait se concentrer sur « les zones entre Gereshk et Lashkar Gah » où vivent la plupart des habitants.
Le gouvernement a-il le choix ? Deux Britanniques sur trois pensent désormais que cette guerre est "non-gagnable". Le débat continue d'être intense outre-Manche. Dernièrement, c'était l'ancien ministre de Tony Blair pour le Moyen-Orient, l'Afghanistan et l'Asie du sud (de
2005 à 2008) et actuel président du comité parlementaire sur le renseignement, Kim Howells, qui demandait un débat sur le retrait total des troupes d'Afghanistan. Le Premier ministre lui-même, Gordon Brown, a récemment souligné qu'il n'était pas disposé à risquer de ses soldats pour un gouvernement (il visait Karzai) qui ne parvient pas à résoudre la corruption.
La crédibilité de l'OTAN et de l'armée UK en jeu. Dans un document de l'Etat-major intitulé "Strategy for Defence" - que s'est procuré le journal - le chef d'Etat-Major Jock Stirrup avertit cependant du risque d'un retrait anticipé et souligne l'importance de la mission de l'ISAF :
“The International Security Assistance Force mission is of critical importance to the security of British citizens and the UK’s national interest, including the credibility of Nato, and to the reputation and long-term future of the Armed Forces”.
(Crédit photo : armée britannique, "Un Marine du 42e Commando Royal Marines en protection de la base Musa Qala")