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La mission EUBAM Rafah revient en veilleuse

(BRUXELLES2) En début d'année, on aurait pu espérer que la mission Eubam Rafah (la mission de surveillance de l'UE au point-frontière de Rafah) pourrait retrouver un nouveau rôle et une nouvelle vigueur (lire : EUBAM Rafah: le redéploiement en phase accélérée). Tout espoir est désormais envolé.

L'équipe Eubam Rafah, en juillet quand l'effectif était encore conséquent (crédit photo : Eubam)

La mission a donc retrouvé un effectif minimal : 18 personnes. Et le budget de la mission a donc été réduit en conséquence. Le budget d'1,12 millions d'euros disponible pour 2009 en crédits d'engagement utilisé pour moitié en 2009 sera utilisé pour l'autre moitié en 2010 (*). A comparer aux budgets précédents : 5,1 millions d'euros en 2006, 7 millions d'euros en 2007, 2,5 millions en 2008, la chute est sévère.
La mission est cependant prolongée jusqu'au 24 mai 2010. Et on pourrait se demander à quoi sert de maintenir ainsi une mission qui ne servira pas tout de suite. A cela plusieurs raisons:

1° La principale est d'ordre stratégique : si l'Europe veut pouvoir jouer un rôle un jour dans la région, elle doit maintenir coûte que coûte sa présence, aux bordures de Gaza, et être prêt dès que l'instant politique se rapproche à remonter en puissance. Comme les 27 Ministres des Affaires étrangères l'ont entériné le 17 novembre « l'UE (est) prête à redéployer rapidement son personnel au point de passage de Rafah, dès que les conditions le permettraient ». Le Proche-Orient est d'ailleurs qui tient à cœur à Javier Solana, l'actuel Haut-représentant pour la politique étrangère qui n'a pas ménagé sa peine pour rapprocher les points de vue et donner à l'Europe davantage de poids dans la région.

2° Cette mission fait partie d'un accord plus global sur la surveillance des frontières entre Palestiniens et Israéliens, sous l'égide du Quartet. La fermer serait pour les Européens entériner le fait acquis : la quasi fermeture de la frontière.

3°Le dernier point est d'ordre plus tactique et juridique : actuellement il y a un accord tacite avec le gouvernement israélien pour reconduire la mission ("tous les six mois, à moins que les parties soient d'accord pour la fermer"). Si la mission ferme boutique, il faudra tout renégocier le jour présent... Ce n'est pas dit que demain il y aura à nouveau un accord d'Israël pour que les Européens soient présents. Alors un million d'euros pour assurer la présence de l'Europe dans cette région, ce n'est pas énorme...

(*) Point avalisé entre les ministres des Affaires étrangères et approuvé formellement par les ministres de... l'Agriculture, le 20 novembre (en point A).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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