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Jeleva, la nouvelle commissaire à la réponse de crises (portrait)


(BRUXELLES2) Comme annoncé vendredi par José-Manuel Barroso président de la Commission européenne, Rumiana Jeleva aura en charge le portefeuille de "la Coopération internationale, l'aide humanitaire et de la réponse de crises", un portefeuille qui correspond à la gestion de crises que nous appellions de nos voeux (1).
Il regroupe l'Aide humanitaire (DG Echo) - qui était dans la dernière commission cogérée avec le Développement - et le nouveau
poste de la Protection civile - découlant de la nouvelle compétence créée du Traité de Lisbonne - (l'unité qui s'occupait de cette question et qui était logée dans la DG Environnement va être intégrée dans la DG Echo). Il fait partie avec l'Elargissement et le Développement du groupe de commissaires "Relations extérieures" coordonné par la Haute représentante, C. Ashton.

Sans être d'une importance primordiale, ce portefeuille a une haute valeur médiatique (il faut se rappeler comment l'Italienne Bonino avait su lui donner un certain lustre). Jeleva - si elle y prête un peu d'attention - peut devenir ainsi rapidement une des commissaires les plus connues.

Née en 1969 (le 18 avril), à Nova Zagora, une ville du sud de la Bulgarie, Rumiana Jeleva a suivi ses études à Burgas (dans la High School de langue allemande qu'elle termine en 1988) puis à l'université de Sofia en pédagogie sociale et sociologie (1994 et 1995). Elle complète cette formation par des cours en sociologie industrielle et économie à l'universite de Bielefeld et l'université libre de Berlin (1994, 2000-2001), et finit par un PhD obtenu en 2003 à l'université Otto von Guericke de Magdebourg (Allemagne), thème de sa thèse : «Socio-Interpretative Models of Entrepreneurs in the Economics of Transition». Tout en travaillant. "Je travaille depuis l'âge de 15 ans" a-t-elle confié à des journalistes bulgares.

Chercheuse associée à l'université de Sofia en sociologie, au laboratoire "sociologie du Travail et politique sociale (2005), elle gère également l'ONG "New Social Practices" chargé de développer des projets sociaux (2004-2007) et une société de consultance, spécialisée en matière sociale "Global Consult Ltd" (2006-2007). A ce titre, elle participe à plusieurs projets du PNUD et de Phare sur le  développement d'initiatives sur le marché du travail, l'inclusion sociale et la jeunesse. Elle a occupé également plusieurs postes dans des conseils d'administration ou de surveillance : au fonds national d'investissement "Labor" (1995-1998), à la société Plastimo JSC de Samokov (1997-1998) et Eztour JSC de Pravets (1997-1998).

Elue en 2007 au Parlement européen, sur la liste du Parti conservateur GERB, elle siège à la commission du Développement régional (suppléant à la commission de l'Emploi). Elle est notamment rapporteur du PE sur la convention des Nations-Unies sur les handicapés et de la task-force sur le travail non déclaré. Réélue en 1999, elle choisit la commission des affaires étrangères. Pas pour longtemps. En juillet 2009, elle est nommée Ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Boyko Borisov (GERB) et retourne à Sofia. Pas diplomate au départ, elle s'y est fait. « C’est vrai. Ce n’est pas facile. » confie-t-elle dans une interview au quotidien bulgare Troud. « Il est vrai que j’étais beaucoup plus active dans les milieux universitaires et dans les projets internationaux financés par l’ONU, la Banque Mondiale ou l’Union européenne, que je ne le suis dans les milieux politiques. Cette expérience professionnelle, ma très forte intuition (qui ne me trompe jamais) et mon éducation sont trois éléments sur lesquels je me fonde. »

A l'automne 2009, rapidement son nom apparaît pour remplacer à la Commission européenne, Kuneva. Au départ, elle visait plutôt le poste "Elargissement et politique du voisinage". « Pour moi, tous les domaines ne se valent pas. Je ne serai donc pas commissaire européen à tout prix », avait-elle déclaré début novembre. « Cela coïncide avec les intérêts nationaux de la Bulgarie – il est important pour nous que dans la région des Balkans et de la Mer Noire soit une région de sécurité et prospérité. »  expliquait-elle dans une interview dans le quotidien "24 Tchassa". Il semblait cependant délicat de confier ce poste à une Bulgare en raison des difficultés possibles sur certains dossiers "Balkans" notamment avec la Macédoine et de possibles conflit d'intérêt.

(1) Lire Un Commissaire européen chargé de la gestion de crises ? Une idée à creuser

(crédit photo : facebook de Jeleva)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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