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Adieu général…

(BRUXELLES2) La dernière ! C'était la dernière réunion, mercredi dernier, du général Henri Bentegeat, à la tête du Comité militaire de l'UE. « Ce que nous faisons ici n'est pas grandiose. C'est réel et concret » a-t-il expliqué devant la presse. Avec une dernière satisfaction : « avoir vu le Traité de Lisbonne signé, à défaut de le voir entrer en vigueur. Je n'y croyais plus » a-t-il ajouté en aparté. Et un regret sans doute : ne pas avoir vu démarrer la 24e mission/opération de la PESD - sur l'entraînement des forces de sécurité somaliennes.


Le général Bentegeat lors de la conférence de presse après son dernier comité miltaire (© NGV)

L'homme aurait sans doute beaucoup à raconter : entre ses débuts dans les blindés de marine, les opérations en Afrique, son séjour à l'Elysée - comme chef d'Etat-Major de François Mitterand puis de Jacques Chirac -, et enfin à l'Union européenne... à des moments marquants. Pour ne reprendre que la période européenne, celle-ci a particulièrement été féconde : avec deux opérations militaires d'envergure (Eufor Tchad et Eunavfor Atalanta), une avortée (au Kivu Congo) et un soutien avéré à une mission civile (Eumm Géorgie), importante  diplomatiquement... Mais de là à passer à ses mémoires. Ce n'est pas sûr... Plusieurs fois, nous avons eu l'occasion de nous rencontrer, et j'ai pu mesurer tout l'intérêt qu'il portait aux "choses" européennes, son désir de convaincre, sans emphase. Mais aussi sa discrétion, toute militaire. Tout autant il pouvait être prolixe (dans les limites de l'exercice tout de même) sur son domaine, le militaire, tout autant est-il resté très discret sur tous les autres sujets, le politique notamment. Peut-être aura-t-il tout simplement envie de tourner la page, d'aller "cultiver son jardin", comme il me l'avait confié, dans sa maison sur la presqu'ile de Guérande et regarder grandir ses petits-enfants. « Mes vrais adieux - m'a-t-il expliqué -, c'était il y a trois ans, quand j'ai quitté mon poste de chef d'Etat-Major »...

 


Cérémonie d'adieux, en octobre 2006, comme chef d'Etat-Major français (Elysée)

Personnellement, je n'ai pas le goût des cérémonies ou du cérémonial. Mais on ne peut que regretter que le départ d'un chef d'Etat-Major de l'UE se fasse ainsi un peu en catimini. Certes il y a eu une cerémonie d'adieu par Javier Solana mais bien, bien discrète. Le Haut représentant a ainsi salué « le Président du Comité militaire, le militaire d'exception, surtout l'homme et l'ami. » « Henri et moi - a-t-il ajouté -  appartenons à cette génération qui sait qu'on ne change pas le monde avec des slogans, ni même peut-être avec seulement des idées. Mais plus simplement, plus sûrement, avec des hommes et des femmes de bonne volonté. Tout entiers dédiés à servir et à aider. »

Adieu général...

NB: C'est le général suédois qui va le remplacer, Håkan Erik Gunnar Syrén (ainsi que nous l'annoncions ... il y a un an).

Lire également:
- Gén. Bentégeat : Un QG permanent nécessaire ? Oui mais un QG civilo-militaire (octobre 2009)
- La PESD ne peut pas tout faire mais est utile, dixit le Général Bentegeat (septembre 2009)
- Gén. Bentegeat: "Eufor Tchad, la marque d'une certaine maturité" (mai 2008)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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