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Göteborg, une réunion informelle, très formelle


(BRUXELLES2) La réunion "informelle" des ministres de la Défense n'aura pas manqué à la tradition. Elle n'avait d'informelle que le nom.... La rencontre improvisée entre délégués et journalistes, au coin d'un café ou d'une pause cigarette, qui fait le charme et l'intérêt de ces rencontres, manquait quelque peu. Et cela devient une habitude. Ces réunions "informelles" deviennent, en fait, très formelles, à de très rares exceptions près.

La mainmise sur la communication, primordial. On me répondra : nombre de délégations, règles de sécurité, nécessité d'une bonne organisation. Je n'y crois qu'à moitié. Derrière toutes ces contraintes, louables et réelles, il y a aussi la volonté de contrôler la  communication. Evidemment pour le journaliste, l'intérêt est énorme : avoir "sous la main" une concentration de responsables concernés par le même sujet, et donc pouvoir (plus ou moins) rapidement cerner le vrai du faux, les enjeux cachés des enjeux annoncés. Le risque est donc réel pour une présidence de voir la situation déraper. Et l'envie de tout contrôler est tentante. Cela ne change pas d'une présidence à l'autre. Sous la présidence française, c'était très visible (lire "Deauville, informelle vraiment ?"). Sous la présidence suédoise, c'était très discret, mais tout autant présent (lire le petit billet sur l'Arctic sea).

Le ballet est bien réglé. Les délégations arrivent vers l'entrée officielle. Le Ministre sourit aux journalistes, qui sont "parqués" derrière un cordon. Il sourit, hésite, puis se dirige (de bonne grâce souvent) vers les caméras et micros tendus. Le temps de 2-3 questions à la volée, où chaque journaliste cherche une petite phrase, une réponse à une interrogation. « Etes-vous inquiet sur l'Iran ? » « Envoyez-vous des renforts en Afghanistan ? » Que décidez-vous pour les battlegroups ?... ». Le Ministre répond de façon évasive souvent, parfois de façon plus claire ou lapidaire. Et puis s’en va sur le tapis rouge, pour entrer dans la salle de travail… Aux pauses café, l’un ou l’autre sort de la salle, souvent pour un rendez-vous arrangé avec quelques journalistes. Et puis il y a la conférence de presse organisée ou un peu improvisé. Mais toujours encadrée. En fait, du grand classique…

Les rendez-vous s’organisent par attaché de presse ou officier de liaison interposés (chacun des officiels est flanqué d’un ou d’une personne déléguée par la présidence suédoise pour le guider et faciliter les contacts avec les autorités d’accueil). Bien entendu, les journalistes se débrouillent… On peut organiser des contacts dans les hotels, au petit déjeuner. Ou s’arranger pour se trouver du « bon » côté, des délégations, pour « divaguer » un peu et rencontrer l’un ou l’autre. Mais c’est toujours rapide ou furtif.

 

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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