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Retour au pays pour 23 pirates détenus par les Seychelles. Détails (maj 2)

(BRUXELLES2) On en sait un peu plus sur cet échange pirates-otages. Et j'ai eu (surtout) un peu le temps de me renseigner. Voici le récit.

Transfert par deux avions

Les "pirates" libérés par les autorités des Seychelles, "faute de preuves" arrivent à bord d'un avion Dash 8, samedi, sur l'aéroport de Nairobi. Un avion vite entouré par la police. Ils repartent, ensuite, dans deux petits avions, des Dornier 228, appartenant à une compagnie kenyane. Donc, semble-t-il, avec un aval au moins tacite des autorités kenyanes. Direction : la Somalie, ou plutôt le Puntland. Dimanche, ils atterrissent à 12 km au sud du petit village côtier de Gara'ad. Les pirates descendent. Ils sont libres. Les "attendent leurs amis", selon les autorités du Puntland. En échange, montent les trois marins Seychellois, retenus en otage depuis fin février 2009.

Un Britannique gardé à vue au Puntland

Mais lors d'une opération de ravitaillement en essence sur l'aéroport de Galkayo, la police du Puntland et les forces d'immigration bloquent l'avion, avec l'équipage, les négociateurs et les 3 marins seychellois. Un Australien (membre de l'équipage) ainsi qu'un Britannique, habitant au Kenya, auraient ainsi été retenus par les autorités du Puntland qui estiment que le vol n'avait pas reçu son autorisation et que les personnes appréhendées sont sous le coup d'une incrimination criminelle (on peut remarquer que les autorités du Puntland n'ont pas arrêté l'avion à l'aller - avec les pirates - mais au retour. Un hasard sans doute !). Le Puntland remarque que la France, les Etats-Unis et l'Egypte ont négocié avec lui avant de leur remettre certains pirates (pour jugement ou remise en liberté). Ce qui n'a pas été le cas, semble-t-il de cette remise par les Seychelles

Une rançon humaine

Même si le ministre des Seychelles, en charge de la piraterie, Joel Morgan, le nie, l'échange semble avéré. Et ce n'est pas tout à fait anormal... Cela fait plusieurs mois cependant que le gouvernement de l'archipel de l'Océan indien tente d'obtenir la libération des trois marins seychellois du yacht Serenity. En vain ! Malgré les demandes des familles. Alors faute de moyen financier comme en ont les Etats de l'hémisphère nord, qui versent des rançons, ils se débrouillent. Les autorités des Seychelles ont, en effet, confirmé avoir rapatrié en Somalie 23 hommes suspectés de piraterie, arrêtés à plusieurs occasions.

Officiellement pour manque de preuves. "Nous n'avions pas assez de preuve pour les poursuivre devant nos juridictions" ont-elles souligné officiellement. Parmi ces suspects, figurent les 9 personnes arrêtées en avril par la frégate espagnole d'Atalanta, le Numancia, lors de l'opération d'interception du navire de croisière italien MSC Melody et "remis" officieusement aux autorités des Seychelles (libérés par les militaires espagnols puis repris aussitôt par les gardes-côtes seychellois).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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