B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Actu BlogB2 ARMEES

La doctrine de défense suédoise à la veille d’une révolution

(B2) Alors que la Suède s'apprête à prendre la présidence de l'UE, sa doctrine militaire évolue. Une sorte de révolution en quelque sorte (au sens astronomique du terme). Puisque la semaine dernière, le Parlement suédois a supprimé la conscription, le service militaire obligatoire. Ou plutôt, « la conscription est mise en sommeil et le recrutement se fera sur une base volontaire. Les hommes et les femmes seront recrutées dans les mêmes conditions». Ce vote a été acquis à quelques voix près (153 pour, 150 contre) mais qui marque une transformation stratégique. A l'horizon 2014, la défense nationale sera assurée par une armée de métier de 50.000 hommes, «opérationnelle dans un délai de quelques heures à une semaine».

Même si l'objectif n'est pas affirmé aussi nettement, cette transformation se fait dans un objectif d'adhésion à terme de la Suède à l'OTAN. Et d'évolution de sa doctrine de défense.
"La Suède est militairement non-alignée, c'est- dire qu'elle ne fait partie d'aucune alliance militaire. Mais ce n'est pas suffisant pour décrire une politique de sécurité en disant ce qu'elle n'est pas." a défini le ministre de la Défense, Sten Tolgfors dans un discours cadre (lire en suédois).

La Suède est un pays qui bâtit sa sécurité avec ses voisins des pays nordiques et l'UE. «On ne peut pas voir une situation où un conflit militaire dans notre voisinage immédiat, ne toucherait que l'un des pays.  La Suède ne restera pas passive, si un pays voisin dans les pays nordiques ou de l'UE sont touchés par une crise ou d'attaque. Et nous supposons qu'ils ne resteraient pas passifs si la Suède en souffrait. Nous devons donc nous préparer, à recevoir et fournir un appui, qui peut également être militaire«Aujourd'hui nous n'avons qu'un tiers des forces nécessaires, environ 11.500 hommes, prêts pour l'action dans un délai d'un an. C'est trop peu et trop tard.»

Les pays nordiques sont dans la même partie du monde mais ont des perspectives différentes.

«La Suède a une politique stratégique sur l'ensemble de la Baltique. La Finlande a une vision territoriale de frontière terrestre. Le Danemark se concentre sur les efforts internationaux. La Norvège se concentre sur les régions du nord et la mer de Barents. Ces différences ont un impact sur les  compétences. La Suède a une force aérienne près de deux fois équivalente à la Norvège, le Danemark et la Finlande. Nous avons des corvettes et des sous-marins, comme la Finlande et (dans une moindre mesure) le Danemark (qui n'a pas de sous-marins). Nous avons une armée plus petite que la Finlande, mais nos troupes ont une très haute disponibilité et de qualité. La Suède est actuellement en train de négocier avec l'OTAN, la Norvège et la Finlande en vue d'un accord de coopération ASDE (air situation data exchange ou échange de données sur la situation aérienne). L'objectif est d'avoir une coopération nordique de surveillance de l'espace aérien, qui puisse aussi inclure les États baltes.»

La nouvelle politique de défense implique plusieurs changements de paradigme.
«La tâche principale de la Défense est de fournir la puissance accessible et utilisable par le biais d'unités, avec des soldats formés et expérimentés. Sa fonction principale n'est pas d'assurer un cours de formation de base des conscrits qui ne sont disponibles guerre placé un couple d'années d'effort de l'organisation. (...) La défense consiste à prendre des mesures pour protéger les intérêts de la Suède et des Suédois en Suède et à l'extérieur.»

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®