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En France, Sarkozy, la bise ou la claque…

(BRUXELLES2) N’en déplaise à Carla (Bruni), l’opposition de gauche ou du centre entend bien donner au président français, Nicolas Sarkozy, la veste de sa vie. Après 2 ans à la tête de l’État, les élections européennes représentent, en effet, pour le bouillant Président un test, un rendez-vous de mi-mandat, l’étalon de son enracinement dans le pays. Pour son ego, ce scrutin est aussi le moment du succès tant attendu, après les scores plutôt piteux des deux dernières élections européennes.

Qu’on se souvienne ! Il y a dix ans, en 1999, c’est ce même Nicolas Sarkozy qui conduisait la liste de la droite. Liste « laminée ». Avec un petit 12% des suffrages, il se retrouvait même derrière la liste de son mentor gaulliste, Charles Pasqua, passé à la dissidence. La honte… et une gifle qui ne s’oublie pas. D’autant que cinq ans plus tard, le score fut certes légèrement meilleur (16,6% des voix) mais il était écrasé par un Parti socialiste, dominant (proche des 30%).  Cette année, sauf très grosse surprise, ce sera une victoire. L’UMP devrait arriver en tête, le 7 juin.

Belle revanche ! Oublié alors le « léger » dilettantisme du Chef d’État français qui n’a réussi à boucler les listes de son parti qu’à un mois du scrutin ou a omis, lors de son discours à Nîmes début mai, de parler… du Parlement européen. Il faudra également passer sous silence le taux d’abstention qui s’annonce record. Selon les sondages, moins d’un Français sur 4 compte se déplacer aux urnes.

On passera également en silence, l’absence de pugnacité de son principal challenger socialiste. L’objectif de la gauche sociale-démocrate, emmenée par la maire de Lille, fille de Jacques Delors, Martine Aubry était en effet ailleurs : ne pas finir la campagne plus déchirée qu’elle n’avait commencé. Un objectif atteint mais au prix d’une campagne terne. Il a fallu taire les différences, passer sous silence certains sujets délicats, panser les déchirures laissées par le référendum de la Constitution européenne. Des plaies encore vives, amputant l’espoir de voir émerger des solutions concrètes.

Dans le camp présidentiel, on se gardera sans doute de trop commenter le bon score attendu du Mouvement Démocratique de François Bayrou (ex-UDF). Si les intentions de vote ne le placent que loin derrière les deux premiers, il pourrait accrocher la barre des 10% et prouvera, au passage, sa capacité à s’enraciner dans la politique française. Le MoDem, qui ne compte plus que trois députés à l’Assemblée nationale française suite au départ de la plupart des autres députés UDF vers l’UMP, en 2007, démontre qu’il reste, malgré tout, la troisième force du pays. Ce, malgré tous les efforts de ses deux concurrents, de gauche et de droite, pour le marginaliser. Les électeurs se refusent, en fait, à consacrer la fusion des appareils de l’UDF avec l’UMP et veulent continuer à voter … au centre.

Pour Sarkozy, au lendemain du 7 juin, l’essentiel sera ailleurs : être le premier afin de proclamer bien haut sa victoire. Ce qui lui permettra alors, au Sommet européen des 18 et 19 juin, de se taper les biceps sur la poitrine, et de prétendre, allez…, à la bise de sa chère et tendre.

(Sophie Petitjean et Nicolas Gros-Verheyde)
rédigé pour le site de la VRT

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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