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Vers une mission UE de formation de l’armée somalienne? Initiative fr.

(B2) Sujet tabou, il y a encore quelques semaines, l'initiative française visant à former les forces de sécurité somaliennes (l'armée somalienne) a été présentée au Conseil des ministres de la Défense de l'UE, à Bruxelles lundi. Il s'agit de permettre la mise en place d'une force "robuste", d'environ 6.000 hommes. La France s'était engagée - lors de la conférence de la communauté internationale - à former 500 hommes (un bataillon), dès septembre, en s'appuyant sur les forces françaises basées à Djibouti (FFDJ). Les pays arabes, de leur coté, s'engageant à financer également cette formation.

Une mission non exécutive SSR

Présentée par Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Défense, l'initiative consiste à proposer à "ses partenaires européens" de s'associer au projet français sous différentes formes (formation, soutien matériel, financier...) et de mettre sur pied une véritable mission militaire "non exécutive", de soutien et d'entraînement dans le cadre de la PESD. Ce qu'on appelle une mission SSR (réforme des forces de sécurité). Le format serait légèrement différent de la mission SSR au Congo ou la future mission Althea II - telle qu'elle sera reconfigurée (à la fin de l'année notamment) mais l'objectif resterait le même : former une armée moderne, efficace et démocratique. Les soldats seraient, en effet, formés non pas dans le pays mais "off shore" à Djibouti (où les Français surtout, mais aussi les Allemands sont présents en permanence, ainsi que les Américains) ou dans d'autres pays africains, comme au Burundi (lieu de formation des militaires des Nations-Unies).

Une mission SSR dès septembre ?

Le ministre français a insisté sur la nécessité d'un cadre européen, que ce soit pour l'objectif de la mission ou le statut des personnels. Une formation de 500 hommes nécessite environ 150 formateurs et représente un coût de 1,5 million d'euros, précise-t-on coté français. L'action de formation des Français pourrait être lancée à partir de la fin du mois de septembre 2009, pour une durée de six semaines. Elle a reçu l'appui des Allemands et des Néerlandais, affirme-t-on de source française. « Il y a un accord général sur le principe et les modalités de formation », a précisé Bruno Le Maire, à quelques journalistes (dont j'étais), à l'issue du Conseil. « Tout le monde est d'accord pour dire qu’il faut d’abord s’assurer des forces de sécurité somaliennes. Accord général souligné par Javier Solana (le diplomate en chef de l'Union). Il reste à déterminer précisément qui va participer à cette mission. Il faudra quelques mois pour cela ».

Réticence tchèque mais feu vert confirmé pour l'UE

Le ministre de la Défense tchèque, Martin Bartak (fidèle à l'esprit de réticence générale aux initiatives européennes), s'est voulu beaucoup plus prudent lors de sa conférence de presse. « Il est encore trop tôt pour parler d'une opération européenne ni d'un délai » a-t-il expliqué. « Il faut encore étudier tous les aspects ». Il s'est refusé cependant à dire s'il était ou non d'accord avec cette proposition. « Nous venons juste de recevoir la proposition ». Mais du coté des proches de Javier Solana et des services du Conseil, on confirme le bon état d'esprit général des 27. Cette mission a effectivement reçu un "feu vert politique" et le travail de préparation et de planification pourrait être entamé rapidement.

(NGV)

(mis à jour le 19 mai)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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