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Les renforts en Afghanistan, ca coûte cher…


(B2)La volonté de l'OTAN de voir les forces de l'ISAF se renforcer en Afghanistan vient de subir un coup dur. Et qui vient du coté où on ne l'attendait pas, pour deux raisons différentes. En Pologne, le gouvernement pourrait ainsi renoncer à son idée d'envoyer de 600 à 800 hommes supplémentaires, pour une raison simple : la crise financière et la nécessité de faire des économies, si on en croit Gazeta de ce jeudi. Le contingent pourrait donc rester à 1800 hommes. En république Tchèque, l'augmentation du contingent voulue par le gouvernement n'a pas passé la rampe du vote à la Chambre des députés : au lieu de 200 soldats en plus, l'effectif est augmenté de quelques unités. Donc déjà près de 1000 soldats en plus que les Américains, les Britanniques (pas chauds du tout), les Français devront compléter.

D'autres pays ont fixé une limite à leur intervention. Plusieurs gouvernements de la coalition alliée ont annoncé, récemment, une date limite à leur engagement sur le terrain. "Nous arrêterons (notre mission) dans l'Uruzgan (province du sud afghan) en 2010", a ainsi indiqué le Premier ministre néerlandais JP. Balkenende, lors d'une conférence de presse, à La Haye le 23 janvier. L'effort néerlandais est particulièrement important, relativement à la taille du pays : quelque 1.600 soldats engagés dans la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN, l'essentiel (1.200) dans l'Uruzgan, le reste à Kandahar (sud) et à Kaboul. Au Canada, le ministre de la Défense, Peter MacKay, a averti que le Canada retirera ses soldats de Kandahar en 2011 "même si les États-Unis lui demandent de prolonger leur présence". Quant à l'Allemagne, il est à craindre que si le genre de directives du type de celle que le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur) le général Craddock a pondu, donnant l'ordre de saisir, mort ou vif ("capture or kill") les trafiquants de drogue (voir Der Spiegel), le Bundestag ne puisse pas, sous la pression de l'opinion publique, renouveler la mission comme il l'a fait en octobre dernier jusqu'à fin 2009.

Le risque n'est pas tant de voir l'opération ISAF s'interrompre faute d'hommes - l'essentiel de l'effectif étant fourni par les Américains et Obama ayant promis de renforcer encore les effectifs d'environ 30 000 hommes - c'est de voir l'opération ISAF prendre de plus en plus la forme d'une opération US, sur lesquels les autres Alliés auront peu de prise. C'est-à-dire tout le contraire de ce que veulent les Européens aujourd'hui (lire la lettre Merkel-Sarkozy).

(*) En matière d'équipement et d'entraînement, il est certain que les soldats d'aujourd'hui surpassent les soldats d'hier. En termes d'endurance, de capacité d'engagement, de "précautions" d'engagement, je ne parierai pour savoir si un soldat soviétique des années 1980 ne vaut pas un soldat engagé aujourd'hui sur le terrain.

(NGV)
(Photo : Ministère de la défense Polonais)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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