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Confusion autour de la saisie du Longchamp par les pirates

(B2)Le navire allemand saisi jeudi dernier, le MV Longchamp, un transporteur de gaz liquide (*) sème un peu la polémique dans le rang des armateurs et des responsables de la lutte anti-piraterie. L'armateur prétend que le Longchamp était dans le couloir protégé et sous protection de navires de guerre, comme le rapporte mon collègue Wiegold de Focus. Les Européens soulignent qu'elles n'ont pas eu connaissance d'une demande de protection. En fait, apparemment l'un et l'autre pourraient avoir raison. D'après un responsable de l'Autorité maritime des Bahamas, le navire était bien dans le corridor de sécurité. Mais ce corridor est d'une certaine façon très large. Mais le QG d'Atalanta, à Northwood, c'est un peu moins simple qu'on veut bien le dire. La compagnie allemande était bien enregistrée dans la base d'EUNAVFOR Atalanta. Mais le trajet n'avait pas été signalé. Or, comme l'explique un responsable du QG d'Atalanta, c'est l'enregistrement du trajet qui est "essentiel pour nous" car il permet de "connaître le trajet du bateau et d'évaluer le risque, de donner des conseils", et pour le navire de "demander une protection". En fait, le Longchamp devait être accompagné par la marine... indienne. Apparemment il n'a pas attendu l'escorte, ou celle-ci était trop loin. Toujours est-il que quand le navire de commerce a lancé son appel de détresse face à l'attaque des pirates, il était déjà tard. Malgré un mouvement de bateaux et d'hélicoptères, les forces anti-pirates n'ont pas eu le temps d'empêcher la capture. Deux pirates auraient tout de même été blessés lors des échanges de coup de feu.

Une remarque : cette "confusion" n'est peut-être pas sans rapport avec le statut "complexe" du navire. Appartenant l'armateur allemand, Bernhard Schulte, le MV Lonchamp était loué à une autre compagnie, enregistrée au Liberia, et était sous pavillon des Bahamas. Un pavillon de "complaisance". A force de jouer au saute-frontière pour échapper aux législations européennes, plus strictes, on ne peut pas ensuite réclamer l'action de l'Etat dont a quitté le pavillon. J'ai comme l'impression que les armateurs se souviennent tout d'un coup de leur nationalité quand il s'agit de réclamer la protection mais oublient de passer à la caisse et de respecter les obligations liées à leurs droits...

(NGV)

(*) Au passage, notons que cette solution de "gaz liquide" est un des axes de diversification énergétique que souhaite développer l'Union européenne.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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