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Le dispositif international – européen autour de Gaza

(B2)Le dispositif européen (et américain) qui pourrait être mis en place dans le cadre d'un cessez-le-feu durable à Gaza est actuellement l'enjeu d'une bataille, toute diplomatique, qui a commencé entre alliés, de part et d'autre de l'Atlantique.

Une offre de service européenne. Samedi dernier Gordon Brown (Royaume-Uni), Angela Merkel (Allemagne), Nicolas Sarkozy (France) avaient adressé une lettre commune et identique aux Israéliens et aux Egyptiens (pour transmissions aux autorités de Gaza) contenant une offre de service pour lutter contre les trafics d'armes (pour télécharger la lettre). L'organisation d'un sommet avec l'Egypte à Charm El Cheikh a permis. Reste maintenant à préciser cette offre et surtout obtenir un accord de part et d'autre, à partir des premières pistes évoquées.

Une négociation à Bruxelles. C'est le sens des réunions extraordinaires des Ministres des Affaires étrangères des 27, à Bruxelles, sous forme de deux dîners : l'un mercredi soir avec leur homologue israélienne, Tzipi Livni ; l'autre, dimanche, avec les ministres jordanien, turc, palestinien et turc. Le lendemain, lundi 23, réunion (prévue de longue date) du Conseil des Ministres des Affaires étrangères de l'UE. L'implication des Européens dans le processus de paix sera à plusieurs niveaux : l'aide humanitaire et le soutien économique (L'Europe a l'habitude! Elle le fait depuis des années. A chaque conflit, elle paie les "pots cassés"), la négociation  politique et la présence opérationnelle.

Un enjeu. Si les Européens arrivent à imposer une présence militaire ou civile dans le processus de paix plus grande que celle qu'ils ont dans la région jusqu'ici (présence - suspendue depuis juin 2007 - au point frontière de Rafah), ils auront gagné le pari : imposer l'Europe dans le processus de paix.

Le dispositif opérationnel qui pourrait être mis en place est le suivant :

1. Réouverture du point frontière de Rafah avec redéploiement de la mission de l'Union européenne (EUBAM Rafah) renforcée et éventuellement étendue à d'autres points frontières (maritime ?).

2. Surveillance maritime pour empêcher la contrebande d'armes - ce qui est plus facile qu'au niveau terrestre.

- du coté de la mer rouge, cette surveillance pourrait être effectuée par des navires américains et autres (dans le cadre d'une des tasks forces internationales présentes sur place)

- du coté de la Méditerranée, cette surveillance pourrait être effectuée par des navires européens, dans un dispositif équivalent à celui existant au large du Liban (Finul maritime ou Task force 448 sous commandement européen, Euromarfor). La proximité des zones maritimes incite d'ailleurs à penser que les opérations pourraient être sinon jointes du moins combinées.

3. Surveillance terrestre du cessez-le-feu. Ce point reste à négocier. Une extension du mandat des observateurs de l'ONU - la FMO (force multinationale et observateurs), dirigée par le norvégien Kjell Narve Ludvigsen - déjà présents dans le Sinaï, pourrait être étudiée coté égyptien. A l'étude également un renforcement des forces égyptiennes (qui a souvent été critiqué par les Israéliens qui y voyaient une entorse aux accords de démilitarisation de la région). Coté israélien ou coté palestinien, tout est à inventer : mandat de l'ONU, mandat
de la force, règles d'engagement.

4. Coopération technologique avec fourniture de matériels électroniques, satellitaires et techniques, fournis coté israélien (par les Américains essentiellement) et égyptien.

5. Formation des forces. L'UE a déjà une mission de formation de la police palestinienne "Eupol" basée à Ramallah. Celle-ci, théoriquement, forme les policiers de Gaza (mais depuis le blocus du territoire par les Etats-Unis et l'UE, cette coopération n'est plus possible à Gaza). Cette mission pourrait être étendue soit géographiquement (coté égyptien), soit au niveau fonctionnel (formation des gardes-frontières)

 (NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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