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L’UE étudie quatre options pour le Congo

(BRUXELLES2) Javier Solana a présenté aux ministres des affaires étrangères quatre options pour l'intervention au Congo pour répondre à la demande expresse et précise du secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki Moon. Maintenant, il reviendra aux ambassadeurs du Comité de politique et de sécurité (COPS) d'élaborer des éléments de réponse plus circonstanciés, le plus vite possible, d'ici la fin de semaine. Et sinon au moins avant Noël. Au besoin on rajoutera des réunions, ajoute un diplomate.

Deux sont pleinement européennes et nécessitent un accord des 26 (le Danemark ne participe pas aux décision des opérations militaires) :

1ère option : le déclenchement d'un battlegroup (groupement tactique) : C'est l'option naturellement évidente. Car c'est le concept même de battlegroup a été conçu... sur le modèle du Congo. 1500 hommes déployables rapidement dans la dizaine de jours, pour une mission courte (environ 4 mois), dans un rayon de 6000 kms. Deux sont en alerte chaque semestre. Un Franco-allemand et un Britannique jusqu'à fin 2008. Vu les positions allemande et britannique, cette option paraît exclue pour l'instant. En revanche, cela pourrait rester ouvert au premier semestre 2009 : avec la présence des battlegroups emmené l'un par l'Italie, l'autre par la Grèce (voir la liste des battlegroup). La sous-option de ne prendre que quelques éléments du battlegroup paraît difficilement jouable selon les militaires.

2e option : la génération de forces : dispositif classique de la mise en place d'une force européenne. Il parait exclu - pour l'instant - pour deux principes, l'opposition de principe allemande et britannique. La lenteur du dispositif. Sauf pression particulière, de l'opinion publique, et disponibilité (cf. l'opération Somalie contre les pirates), ce dispositif est difficile, délicat à monter en puissance. Ce qui ne correspond pas à la demande de Ban Ki Moon, le secrétaire général de l'ONU.

Ces deux options peuvent s'articuler de manière plus souple puisqu'elles associent des moyens européens, mais de façon non intégrée. Ce qui a l'avantage de permettre la mise en place d'une réponse plus ou moins, européenne, rapidement en contournant le veto de quelques Etats membres. Mais le résultat n'est pas très satisfaisant en matière de politique intégrée de défense.

3e option : la force multinationale (MNF) : c'est une force européenne ad hoc, avec éventuellement d'autres moyens. On prend les pays volontaires pour une opération, quelques pays tiers. Et on invente un nouveau format d'opération, à la manière des coalitions ad hoc montées au large de l'Arabie saoudite (coalition maritime CTF 150) ou de la coalition en Afghanistan première génération. C'est tourner, de fait, le dos à tout ce qui a fait la valeur de la PESD. Une force intégrée, avec un financement solidaire.

4e option : le  concours bilatéral (au besoin des concours multiples) : chaque Etat ou institution concourt comme il le souhaite au renfort de la MONUC. La Belgique et les Pays-Bas apportent déjà un soutien aérien. Les Britanniques - par le biais de la coopération - ont loué des avions de transport humanitaire. L'Union européenne apporte un concours du centre satellitaire. La Commission européenne également dans son budget de 50 millions d'euros a affecté certaines ressources à l'affretement d'avions pour le transport d'aide humanitaire.

5e option : combiner certains éléments : du bilatéral avec un battlegroup.

Le Haut représentant de l'UE, Javier Solana, sera dès ce lundi 15 décembre, à New York, et des conversations en marge de la réunion du Quartet pourraient avoir lieu.

 (NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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