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Levée du check-point russe à Perevi…

(B2)Bonne nouvelle en provenance de Géorgie : les Russes ont démantelé le check-point russe de Perevi et l'ont déplacé, à Sinaguri, de l’autre côté de la frontière « administrative » séparant l’Ossétie du Sud de la Géorgie (intérieure). « Nous sommes très contents de ce mouvement » a aussitôt commenté l’ambassadeur Hansjörg Haber, chef de l’EUMM. « Les forces russes en Ossétie du sud avaient depuis longtemps refusé de démanteler ce check point, en dépit de la claire évidence qu’il était situé à l’ouest de la limite administrative de l’Ossétie du sud. Mais l’insistance de la présidence de l’UE et de l’EUMM a fini par porter ces fruits ». « Nous espérons que cette action va maintenant permettre d’engager un processus constructif de construction de la confiance avec toutes les parties concernées » a-t-il ajouté.

Lors de discussions récentes entre Européens et Russes - le Ministre russe des Affaires étrangères et des officiers militaires supérieurs —  ceux-ci avaient en effet reconnu que ce check point
était « était clairement localisé à l’ouest de la frontière administrative ». Donc en contravention avec les accords Medvedev-Sarkozy d’août et septembre. Mais pour les Russes, en fait, il s’agissait de répondre à la « configuration du terrain », très accidentée, le point de Perevi était plus facile et leur permettait d’avoir, en matière sécuritaire, un point d’appui plus stratégique et plus facile à contrôler que la frontière administrative. Un point de vue totalement inacceptable pour les Européens.

Début novembre, les Russes avaient passé le relais quelques jours aux forces ossètes « de facto » avant de reprendre en main le check point, à la satisfaction implicite des internationaux présents en Géorgie et de la population locale. Le comportement des forces ossètes se marque par leur « indiscipline et leur inorganisation ». Tandis qu’avec « les Russes nous avons affaire à des forces régulières, discipliniées, qui obéissent à une chaîne de commandement précise, et avec qui il est possible de discuter », commente un connaisseur du dossier présent dans le pays.

Les observateurs européens avaient pu à plusieurs reprises visiter le check point russe et même le franchir pour atteindre, un kilomètre plus loin, le village de Perevi. Mais au prix d’un compromis. « Les Russes voulaient nous accompagner. Mais il était exclu qu’ils montent dans nos véhicules. Et eux n’avaient que des véhicules lourds qu’ils ne voulaient pas vraiment utiliser pour ne pas provoquer la population. Nous avons donc trouvé la solution. Faire le trajet à pied. » m'a raconté un observateur. Régulièrement les habitants avaient ainsi la visite des observateurs européens et des soldats russes, en patrouille commune. La seule patrouille mixte d’ailleurs sur les deux limites administratives ossète et abkhaze, pour l’instant.

Un des derniers points délicats restant à résoudre pour les Européens – et le retour à la situation antérieure au mois d’août - est l’accès à la vallée d’Alkhagori (Ossétie du sud), d’où nombre de Géorgiens ont été expulsés ainsi que côté abkhaze, celui de la région de Gali et des gorges de Khodori. Sans conteste, le « point le plus critique (car) aucune information ne filtre. Même l'ONU n'y a pas accès » souligne un expert du dossier.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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