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Évacuation des citoyens : Von Wogau critique le manque de coordination dans l’UE

(B2) Après la série d’attentats terroristes à Bombay (Inde), Karl von Wogau (CDU / PPE), président de la sous-commission "sécurité et défense" du Parlement européen, a critiqué, dans un communiqué, le défaut d’approche coordonnée pour l'évacuation de citoyens dans l’Union européenne et demandé une amélioration de cette question.

« Dès 2006, au cours de la guerre du Liban, nous avons, au Parlement européen, souligné qu’on ne pouvait pas continuer à avoir chaque pays membre de l’UE qui a un avion, envoyer ses propres moyens pour chercher ses nationaux, tandis que les citoyens des plus petits pays doivent espérer pouvoir être emmenés. Cela n’a pas non plus de sens, que les Français organisent un point de rassemblement pour les Français et les Allemands un point de rassemblement pour (leurs nationaux) ». Il serait « plus judicieux – ajoute-t-il - que tous les Européens puissent se rendre sur le point d’embarquement le plus proche, pour être mis ensuite en sécurité en commun ».

Un point clé de la solidarité

« L'évacuation par les Européens est un point, où la solidarité européenne est essentielle » souligne l’eurodéputé. « Durant les évènements du Tchad en février, la France avait coordonné de manière centrale l’évacuation des Européens » précise l’eurodéputé. « En Géorgie, les Etats membres ont agi par leurs propres moyens. Le résultat a été partiellement chaotique. Certains ont été rapatriés par avion, tandis que les citoyens d'autres États étaient conduits par un bus en Arménie et devaient ensuite se débrouiller par leurs moyens ». 

Le « déroulement des évacuations en provenance de l'Inde a montré encore un manque de coordination au niveau européen », précise Von Wogau qui demande, par conséquent, que l’UE se dote de capacités coordonnées pour les opérations d'évacuation et de sauvetage. Capacités coordonnées « à l’avance ». « En cas d'urgence, on doit aller vite. Nous ne pouvons pas commencer à se demander qui peut apporter des capacités. L’UE doit par conséquent déterminer quels moyens peuvent être utilisés en cas de besoin. »

Le mécanisme de protection civile activé

Dans le cas indien, le mécanisme communautaire de protection civile a été activé permettant notamment à certains États membres de l'UE (France et Suède), ayant dépêché un avion en Inde, d’évacuer des blessés d’autres nationalités (Royaume-Uni et Espagne). L’avion de la SAS et l’équipe médicale de l’agence suédois des services de secours, mise à disposition par la Suède, a permis d’évacuer lundi sur Londres, cinq blessés, dont deux sérieusement atteints et un souffrant de traumatismes psychologiques. Quant à l’avion affrété par le gouvernement français, il a rapatrié sur Paris, samedi, 77 rescapés, dont 29 Français, 19 Italiens, 17 Espagnols, 5 Allemands, un Polonais, un Grec, un Néerlandais, un Suisse, ainsi qu’un Kazakh, un Algérien et un Congolais.

Deux experts, français et suédois, missionnés par la Commission européenne ont assuré la coordination de l’opération. Et les frais d’évacuation sanitaire ont été cofinancés par le budget communautaire, selon les modalités d’un arrangement conclu en 2007. L’Autriche et la Grèce avaient également fait une offre de moyens, qui n’ont pas été utiles ensuite.

Pas de concept européen

Mais ce mécanisme est loin d’être suffisant. Il permet la transmission d’informations entre États mais pas une réelle « régulation de crise » et surtout l’anticipation nécessaire. Certains États membres semblaient, en effet, encore réticents – avant la crise indienne – à approuver le concept commun d’évacuation des citoyens européens, en recourant au besoin à des moyens militaires, préparé par l’Etat-Major de l’Union européenne (voir N°3468). C’est-à-dire de déterminer – zone géographique par zone géographique – les moyens d’évacuation disponibles que peuvent mettre en œuvre chaque État, et éventuellement la « nation-cadre » chargée de mener à bien l’opération. Plusieurs versions de ce document ont été rédigées, dans une version moins ambitieuse, et si les États mettent fin à leurs divergences, il pourrait être approuvé dans les semaines qui viennent.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Paru à l'origine dans Europolitique décembre 2008

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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