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Opération Atalanta contre les pirates. Le dispositif européen V3

Comme indiqué dans le document qui vient d'être mis au point, le commandant de l'opération a reçu le mandat des 26 d'activer l'ordre de déploiement, le démarrage de l’opération européenne de lutte contre les pirates (Eunavfor Atalanta) étant fixé au 8 décembre. On connaît désormais davantage la plupart des détails.

L’opération durera un an, divisée plus ou moins en trois périodes de quatre mois chacune (décembre-mars, avril-juillet, août-novembre). Elle devrait réunir entre 7 et 8 navires, à terme, 1 avion et des hélicoptères, et 1000 hommes environ. Afin d’assurer la durée de la mission, c’est en fait une vingtaine de navires/équipages, qui doivent être trouvés, soit environ 3000 hommes. Selon le plan d'opération, la "capacité opérationnelle minimale" sera possible à mi-décembre, dès que le bateau du commandant de force (le bateau grec) sera présent. La "capacité opérationnelle initiale" (IOC) devrait être atteinte en janvier et la "pleine capacité opérationnelle" (FOC) est prévue au mois d'avril ou mai. L'opération devrait ainsi démarrer avec 4 bateaux au début (France, Britannique, Grèce, Allemagne), 7 bateaux au mois de mai (avec Espagne et Suède). Les Pays-Bas, voire la Belgique, prenant le relais plus tard. Autant dire que les "premiers mois seront décisifs" comme le précise un haut gradé.

Un commandement vraiment européen. L’opération sera commandée par le contre-amiral britannique Philip Jones depuis le quartier général d'opération (OHQ) britannique de Northwood. Son adjoint sera le contre-amiral français Jean-Pierre Labonne, actuellement adjoint à l'Amiral commandant la force d'action navale française de Brest (il sera relevé ensuite par un Allemand). Sur place, le commandant de la force (en mer) sera assuré par rotation entre la Grèce, l’Espagne et les Pays-Bas. C’est le commodore grec Antonios Papaioannou (photo en arrière plan) qui devrait ainsi commander la force, à partir de décembre, depuis la frégate grecque "Nikiforos Foras". Il devrait être remplacé, en avril 2009, par le capitaine de vaisseau Juan Garat Caramé (Espagne), puis par un officier supérieur néerlandais, à partir d'août 2009.

L’Allemagne fournit une frégate, ainsi que des commandos qui prendront place dans les navires marchands sensibles, ainsi que des heures de patrouilleur aérien, soit 1400 hommes en tout sur la durée de l’opération a précisé le ministère allemand de la Défense. L'Allemagne se chargera en premier lieu de la protection des navires du PAM (prenant le relais des Néerlandais qui assurent cette fonction sous pavillon national *). La coalition au pouvoir doit encore parvenir à un accord précis, notamment sur le possible recours à la force et le Bundestag doit approuver un tel mandat. Le ministère de la Défense espère obtenir ce mandat avant Noël.

La France fournit une frégate et des heures de vol d’un avion de patrouille aérienne, ainsi que différents moyens logistiques issus de sa base permanente de Djibouti. Tous ces moyens sont déjà sur place. Mais le détail doit encore faire l’objet d’un arbitrage au plus haut niveau de l’Etat, afin de distinguer les moyens mis à disposition de l’opération européenne et ceux restant sous commandement national.
La Grèce fournit le navire amiral, une frégate "Nikiforos Fokas", et son hélicoptère Lynx, qui font actuellement en route vers Djibouti.
Les Pays-Bas ont déjà une frégate, le « Hr Ms De Ruyter » et des « commandos marine » qui assurent, depuis octobre, la protection des bateaux du Programme alimentaire mondial qui acheminent vers la Somalie l’aide humanitaire. Elle reste sous pavillon national. Celui-ci devrait entrer au pays bientôt. Mais le royaume de la Reine Béatrix devrait renvoyer des navires dans la zone, pour la troisième période (au mois d'août).

Le Royaume-Uni fournit une frégate, le "HMS Cumberland", qui est déjà dans la zone, au titre du groupement permanent de l’Otan (le SNMG2).
L’Espagne fournira une frégate, le « Victoria », ainsi qu’un navire de soutien logistique, ainsi un avion de surveillance P3-Orion, soit 400 hommes. L’avion, basé à Djibouti, est déjà en service et a effectué déjà certaines missions de protection.

La Suède a promis deux corvettes de la Marine et un navire de soutien (150 hommes) pour accompagner les navires du PAM à compter d’avril-mai, selon le ministre de la Défense Sten Tolgfors. La décision doit être confirmée par le gouvernement et le Parlement (un projet de loi est préparé par le ministère de la Défense et le Parlement pourrait se prononcer en début d'année).

La participation d'Etats tiers - comme la Norvège - n'est pas encore vraiment fixée (1). Les Etats tiers n’ont pas été « mis dans la boucle » me confirme un militaire. La situation est encore plus compliquée pour les Etats non européens. Ils pourraient l'être dans un second temps (deuxième ou troisième période de l'opération).

(NGV)

(1) Lire : la participation d'Etats tiers

(*) et non pavillon de l'Otan comme le proclame cette organisation.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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