Situation critique au Nord-Kivu, l’UE doit agir, disent les ONGs
(B2)La grande carte du Congo occupe toute la table de la salle de réunion de cette mission diplomatique européenne à Bruxelles, dans la zone réservée aux diplomates "secret défense". Elle a servi il y a peu. Et apparemment, on s'est bien gardé de la replier sachant qu'elle pourrait resservir encore. A juste titre... Car si le point "RD Congo" ne figure pas à l'ordre du jour de la réunion des Ministres des Affaires étrangères et de la Défense, du 10 novembre, il pourrait y ressurgir très vite - vu l'évolution de la situation sur le terrain.
De
nouvelles exactions. Selon radio Okapi (une radio soutenue par la Monuc et les coopérations européennes), "environ 5 000 familles de la cité de Kiwanja, relevant de Rutshuru-Centre, à 75 kilomètres au nord de Goma, ont trouvé refuge autour du camp des casques bleus de la Monuc". D’après certaines personnes sur place, elles fuient des exactions des hommes du CNDP en représailles à l’attaque des combattants Maï-Maï. Plusieurs jeunes auraient été tués. (*). Selon l'organisation Human Rights watch, les forces du rebelle congolais Nkunda (CNDP- aux milices pro-gouvernementales Maï-Maï les 4 et 5 novembre à Kiwanja, tuant un certain nombre de civils pris au piège dans la zone de conflit. Il a intimé l'ordre aux quelques de 30000 habitants à quitter la ville et a ensuite systématiquement recherché et tué des civils, en particulier les hommes, qu'ils accusaient de soutenir leurs ennemis. Des témoins oculaires ont dit à HRW,qu'à Kiwanja au moins 20 personnes ont été tuées et 33 autres blessés au cours d'une bataille pour la ville et dans les opérations de nettoyage par les forces de Nkunda qui ont suivi. Les deux parties ont commis des crimes de guerre dans les combats autour de Kiwanja et la ville voisine de Rutshuru. (NB : à lire, et écouter, le témoignage édifiant de Radio France
internationale)
L'appel des ONGs. "Les Casques bleus de l'ONU dans l'est du Congo sont tout simplement incapables de protéger les civils qui sont délibérément attaqués», estime Anneke Van Woudenberg,
chercheur Afrique de Human Rights Watch. "Les gouvernements concernés devraient répondre immédiatement à l'ONU appel urgent à envoyer davantage de soldats de la paix pour protéger les civils, qui ont déjà souffert gravement." A Bruxelles, ce 6 novembre, trois organisations de défense des droits de l'homme - Oxfam, Human rights watch et International crisis group (ICG) - ont ainsi lancé un nouvel appel à l'Union européenne, pour qu'elle s'impplique davantage dans la résolution de la crise au Nord-Kivu, en renforçant la MONUC (Mission de l’ONU en République démocratique du Congo). «Davantage de troupes doivent être déployées le plus vite possible» avait déjà dit, le 3 novembre, Juliette Prodhan, responsable d’Oxfam au Congo. Et « L’Union Européenne est bien placée pour fournir rapidement des troupes supplémentaires ». Selon Oxfam, cette mission devrait faciliter la création d’un environnement sûr où les populations seront à l’abri des attaques, et permettre aux agences humanitaires d’acheminer de l’aide à ces personnes qui en ont tellement besoin.
Appel qui n'est pas sans contradiction. Cet appel est louable si les ONGs n'avaient pas leurs propres contradictoires. Un responsable d'ICG a ainsi eu cette remarque subtile : il faudrait que ces troupes ne comprennent pas de Français. Du fait de leurs relations mauvaises avec les Rwandais. Ce qui est effectivement "beau" sur le papier est totalement irréaliste au niveau politique. Les Français étant les principaux partisans d'intervenir au Congo - et les seuls avec les Belges à bien connaître le secteur - cela revient à nier toute faculté d'intervention.
(NGV)
Photo : Monuc/Marie Frechon
(*) Mis à jour le 7 novembre. Le journaliste de la radio communautaire Ushirika, donné pour mort durant les affrontements a été retrouvé vivant le 7 novembre