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Si Belgrade n’accepte pas la mission Eulex, pas d’adhésion!


(B2)Le haut représentant de l’UE au Kosovo, Pieter Faith, l’a redit, le 6 octobre, aux Serbes. « Tant que la Serbie causera des problèmes au déploiement de la mission européenne, elle ne peut faire aucun progrès vers l’intégration européenne ». L’initiative serbe de demander à la Cour internationale de justice de donner son opinion sur la légalité du processus d’indépendance du Kosovo est « certes un droit légitime » a-t-il ajouté. Mais elle n’est pas d’une grande aide dans les présentes circonstances. Initiative débattue à l’Onu, aujourd'hui (lire ici), alors que le commissaire européen à l’Elargissement, Olli Rehn, se rend jeudi dans le nouvel Etat indépendant.

Un jeu de rôles bien compris
Cette mise au point doit cependant être replacée dans le contexte régional. Selon des diplomates européens, la Serbie commence à prendre conscience de l’intérêt de la mission Eulex sur place. La constitution d’une zone dans le nord du Kosovo – qui ne serait contrôlée totalement ni par les Serbes, ni par les Kosovars ou les internationaux – risque d’aboutir à une zone de non-droit qui peut menacer tout autant la Serbie que le Kosovo. Déjà, profitant des différences de taxation, différents trafics (essence…) se sont mis en place. D’autant plus difficiles à contrôler que la région est assez montagneuse.

Simplement les autorités serbes ont besoin de temps, dans le contexte politique propre à la Serbie et vis-à-vis de leur opinion publique notamment. « Aller devant la Cour internationale de justice » est pour eux le terme de l’action serbe en revendication d'un territoire, déjà détaché depuis des années de la Serbie et dont ils ont perdu tout espoir d'en retrouver le contrôle - à court ou moyen terme. « Le temps que les juristes et les magistrats débattent, l’eau aura coulé sous les ponts » explique un observateur. Et la Serbie pourra, alors, sinon normaliser ses relations avec le Kosovo, au moins, ne plus empêcher le déploiement de la mission Eulex au nord de Mitrovica. L'important étant alors de négocier le virage européen pour bénéficier d'un calendrier accéléré
d'adhésion.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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