Christine Roger, Madame “régions chaudes» de la présidence Fr (portrait)
(B2)Elle ne recherche pas vraiment les feux de la rampe. Et quand un officiel français passe à Bruxelles, il faut chercher au second ou troisième plan, pour l’entrevoir. Pour obtenir un rendez-vous, il vaut mieux insister, et être très souple dans les horaires. Le créneau 22-23 heures étant souvent le seul de disponible qu’elle a sur son agenda. Discrète, Christine Roger « colle » bien au poste-clé qu’elle occupe. Représentante de la France au Comité Politique et de Sécurité (COPS), elle préside durant les six mois de la présidence française ce comité, assez secret, où s’élabore la politique de l’Europe dans le monde. C’est ici que tous les généraux ou diplomates européens de retour de mission, viennent rendre compte. C’est ici que le général irlandais, Pat Nash est venu confier ses doutes sur la volonté des Etats de monter l’opération militaire au Tchad, l’année dernière.
C’est là aussi que les 27 doivent accorder leurs violons sur des questions aussi sensibles que l’indépendance du Kosovo, les sanctions contre le président biélorusse ou les négociations avec l’Iran sur le nucléaire etc. C’est dans cette enceinte, enfin, que s’élaborent les missions, civiles ou militaires, de l’Europe de la Défense. Ainsi, en plein d’août, le COPS s’est réuni en permanence pour mettre au point la réponse européenne dans le conflit entre la Russie et la Géorgie. Résultat, en quelques jours, une mission de 200 observateurs est sur le terrain. Le genre de défi qu’adore cette femme décrite par ses collègues ambassadeurs, comme « austère et sobre, », « redoutablement professionnelle et intelligente », « d’une précision chirurgicale dans ses dossiers ».
Une sorte de revanche aussi pour celle qui a connu l’Europe à 12 et les débuts balbutiants de la « coopération politique européenne ». Elle était conseiller « affaires extérieures » à la Représentation permanente française à Bruxelles de 1992 à 1995, quand l’Europe semblait impuissante face à la guerre en ex-Yougoslavie. Avant de passer à la Commission européenne, au cabinet du président Jacques Santer puis comme directeur de cabinet de Michel Barnier, commissaire à la politique régionale. Toujours dans l’ombre…
(NGV)
(paru dans Ouest-France - photo : © Thierry Monasse)