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Offres en pagaille pour Eumm Géorgie

(B2)Plus de 300 personnels disponibles. C'est le chiffre auquel on arrive quand on totalise toutes les offres faites - par écrit ou oralement, au Cops ou au Conseil - par les Etats membres pour la
nouvelle mission EUMM Géorgie. Une telle avalanche d'offres de contribution, aussi généreuse, peut surprendre quand on connaît la pénurie dont souffrent certains Etats membres ou certaines missions actuelles pour atteindre leurs effectifs (Eulex au Kosovo dans un temps, Eupol Afghanistan ou Minurcat au Tchad aujourd'hui par exemple). « Tout le monde veut participer. Il y avait presque de la concurrence pour voir qui envoyait le plus d’hommes », a commenté le ministre finlandais des affaires étrangères, Alexander Stubb.

Détail des premières offres (selon les chiffres que j'ai pu recueillir et qui devrait encore évoluer):
86 Français (un escadron de gendarmerie mobile + 26 administratifs)
40 Allemands,
40 Italiens (carabinieri)
30 Polonais (10 policiers et 20 militaires)
30 à 40 Roumains
20 ou 45 Britanniques (selon les sources, Milliband a parlé de 10%)
27 Suédois
10 Belges
10 Espagnols
10 Hongrois
15 Bulgares (ministère de la défense et ministère de l'intérieur)
10 Lituaniens
10 Tchèques
20 Finlandais et Danois (contribution commune).

Des offres à concrétiser. On verra, dans quelques jours, si ces avances sont vraiment concrétisées ou si les personnels. "Annoncer c'est souvent assez facile. Mais il faut pouvoir ensuite trouver les personnels, prêts à partir dans les jours qui suivent, pour quelques mois" explique un expert européen. Encore faut-il que leur profil réponde aux réels besoins de la mission ou du chef de mission. "Je doute que toutes les offres soient vraiment sérieuses : combien de gendarmes français et carabinieri italiens parlent le Russe, ce qui semble un minimum dans la région".

Pour la mission EUMM Géorgia (comme en témoigne le mandat de l'Action commune, adoptée le 15 septembre), il ne s'agit pas, en effet, vraiment d'envoyer des forces de maintien de l'ordre, mais davantage des personnes propres à assurer le recueil des informations, leur évaluation, et noter les incidents - . En clair, on a besoin de davantage d'enquêteurs ou d'agents de renseignements que de gros bras, avec des boucliers et des casques. Même si l'effet "dissuasion" peut être important dans une région où circulent des militaires (Russes, Géorgiens, milices ossètes). A moins que ne soit cela l'effet recherché. Dans ce cas-là, on sera plus proche d'une mission "militaire" que "civile".

L'explication de cette avalanche. On peut y voir trois causes. D'abord montrer aux yeux de son opinion publique : montrer qu'on est là, présent. Cette course à la plus grosse contribution (voir les chiffres de la France, Allemagne, Italie) recèle aussi un enjeu plus interne : obtenir le leadership de la mission. Enfin, il faut noter que - pour certains pays - cette offre recouvre - comme l'a précisé le ministre Kouchner - les trois missions ONU, OSCE, UE. En clair, si on n'arrive pas à augmenter les effectifs Osce, on augmente les effectifs UE (l'accord avec les Russes mentionne bien "au moins 200 observateurs"). Seul hic : le budget de la mission est taillé pour 200 observateurs. Il faudrait donc l'augmenter dans cette hypothèse.

On peut remarquer que les plus hardis pour une sanction ne sont pas vraiment les plus "haussiers" dans leur offre. A moins qu'elle ne soit plus réaliste.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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