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Mission Eufor Tchad RCA. Une revue à mi-mandat en demi-teinte

(BRUXELLES2) Javier Solana, Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l’UE, doit remettre le 24 septembre aux Nations-Unies son rapport d’évaluation sur la mission militaire « Eufor » au Tchad et en république centrafricaine (RCA). Une revue à mi-mandat, prévue dans la résolution de l’Onu donnant le cadre international à la mission et dans l’action commune de l’UE qui en avait fixé le cadre européen. « La situation de sécurité demeure stable mais fragile. Les causes sous-jacentes du conflit ne devraient pas changer de façon significative » explique le haut représentant d’espérer. Et celui-ci d’espérer que la décision du Conseil de sécurité, programmée pour fin septembre, permettra de « clarifier l’objectif et les voies de l’effort de planification futures ». En clair, qui va prendre le relais de l’opération Eufor, au 1er mars 2008.

La force « dont le déploiement complet est prévu en septembre » est perçue de façon « positive », souligne le rapport. Elle permet aux acteurs humanitaires d’opérer « de façon effective » et « facilite le plein déploiement de la Minurcat », la Mission des Nations unies pour la Rca et le Tchad (forte de policiers surtout). Mais le document ne cache pas les « défis » que constituent le « maintien d’un espace humanitaire » sûr dans la zone et la « militarisation des camps de déplacés ou de réfugiés ». La communauté humanitaire internationale « doit faire face à des menaces de sécurité qui paralysent son effort ». La criminalité est « endémique et largement répandue ». Et si « l’activité rebelle » demeure « sporadique », et que la situation globale de sécurité est « restée relativement calme durant cette période, avec peu d’incidents impliquant l’Eufor », la principale menace pour la sécurité et un environnement sûr restent « la criminalité et le banditisme qui ont un impact direct sur la population civile et les efforts humanitaires ».

Constat un peu moins optimiste à l’Onu, si on en croit un premier rapport intérimaire du secrétaire général. « L’Eufor et la Minucart ne sont pas en position de prendre directement en main le problème des mouvements transfrontières des groupes armés. En outre, (leurs) mandats respectifs limitent le rôle de ces deux missions aux seules conséquences du conflit qui sévit au Tchad, sans viser les causes sous-jacentes », écrit Ban Ki Moon, visant l’instabilité politique au Soudan et au Tchad et « les relations tendues entre ces deux pays ». « L’Eufor et la Minurcat ne sont pas en position de prendre directement en main le problème des mouvements transfrontières des groupes armés ».

Du coté des ONGs, on est aussi pessimiste, mettant davantage en cause la Minurcat que l’Eufor. Dans un rapport publié début septembre, Oxfam estime ainsi « Un an après les débuts de la mission, la composante de police n’est toujours pas opérationnelle et les troupes européennes sont à la peine face au désordre et au banditisme grandissant. »

(NGV)

(paru dans Europolitique, juin 2008

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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