John Monks : nationaliser les banques ? à envisager sérieusement
(BRUXELLES2) John Monks est secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats. Originaire de Manchester, un temps proche de Tony Blair, il a été aussi un des premiers à alerter sur le danger des fonds spéculatifs et du fonctionnement des marchés financiers.
• Comment jugez-vous cette crise financière, ses implications en Europe ?
C’est très difficile à évaluer. Nous ne sommes qu’au début de la crise. Et on commence seulement à entrevoir les conséquences. Ce qui est sûr c’est que cette crise est inquiétante, pas seulement
pour les banques et leurs employés, mais aussi pour l’économie réelle, sur l’inflation, la croissance, tous les travailleurs. Et aucun pays ne peut vraiment se dire à l’abri. Certains le sont plus que d’autres: l’Italie, l’Espagne, l’Irlande, le Royaume-Uni. Et l’Allemagne dans une certaine mesure.
• Quelle solution peut-on envisager ?
A court terme, les institutions financières doivent intervenir pour éviter la chute. Mais il faut aussi se poser la question d’une régulation internationale des marchés financiers. Car c’est une crise internationale et non pas uniquement américaine. Il faut donc que les mêmes règles soient donc applicables partout, de part et d’autre de l’Atlantique, pour assurer le contrôle du système bancaire … C’est un important travail qui doit commencer tout de suite et ne doit pas être négligé.
• Jusqu’à la nationalisation des banques ?
Oui. Il faut l’envisager sérieusement. La libéralisation du secteur bancaire a échoué. La dérégulation américaine ou britannique est pleinement responsable du désastre d’aujourd’hui. Ironie de l’histoire. Même les « néolibéraux » qui pourfendaient l’Etat providence, le « Welfare state », hier, nationalisent les banques aujourd’hui. La Suède a nationalisé toutes ses banques après une crise financière. Elle ne s’en porte pas plus mal. Alors pourquoi pas cette solution…
(NGV)
(publié dans Dimanche Ouest-France)