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Industrie de défense

Une démonstration des matériels français aux Européens


La démonstration inter-armes françaises se déroulait cette année devant un public exceptionnel, présidence française de l'UE oblige, les ambassadeurs au COPS - le Comité Politique et de Sécurité de l'UE - et les représentants militaires (RepMil) des 27 Etats membres, ou presque, étaient présents dans les tribunes, dans le camp de Mourmelon.

Partis de Bruxelles, le 25 au petit matin, de l'aéroport militaire de Melsbroek, en Transall, les RepMil et Cops avaient d'abord pu voir, le matin, lors d'une présentation statique, effectuée à la base aérienne de Reims, les différents modèles de l'armée française, les anciens - avions de transport C130 ou C160, ravitalleur C135, Mirage 2000 S ou 2000 N (nucléaire) et hélicoptère Gazelle Viviane - et les plus récents - Rafale, Hélicoptère Caracal (version Resco - récupération secours) ou Tigre, char Leclerc, Vab Lynx - en compagnie de quelques matériels européens (notamment un eurofighter allemand et un italien).

On pouvait y voir certains équipements ou unités utilisés lors d'opérations multinationales.

- le ravitailleur C135, rééquipé avec un kit d''évacuation sanitaire (dit Morphée), un format mis en place il y a deux ans. Basé à Istres, il a déjà servi deux fois en mode opérationnel au Kosovo et en Afghanistan plus récemment. Il peut accueillir 12 blessés (dont 4 en soins intensifs, réanimation) ou alors 6 soins intensifs et 6 blessés moins lourds. Le matériel à bord équivaut à ce qui peut se trouver dans un Smur, mais tout y est doublé - au cas où. Au besoin, on peut procéder à de petites interventions chirurgicales (cela s'est déjà produit). Un deuxième kit (fabrication autrichienne) devrait arriver prochainement. Il se met en place dans ravitallleur en 24 heures mode constructeur (15 heures en accélérant les procédures).

- le Drone de renseignement au contact (Drac) : un petit matériel de 8 kg seulement, qui se monte aisément (15 minutes) et se transporte facilement (dans les caisses que vous voyez derrière, qui pèsent avec l'informatique embarquée 25 kilos et peuvent se porter à dos). Il est assez petit : 3,4 mètres de long et 1,5 mètres de large. Doté d'un bimoteur électrique, il se lance à la main (comme un matériel d'aéromodélisme) et atterit automatiquement. Il peut voler une heure environ, de jour comme de nuit. Il dispose d'un GPS, d'une centrale de navigation inertielle, d'un magnétomètre, et d'un calculateur embarqué. Il permet de collecter des images, sans engager de capteur au sol et peut être utilisé même par des unités non spécialisées. Il est actuellement déployé au Kosovo.

- les commandos Monfort. Basé à Lorient, c'est un des commandos d'élite de la marine, héritiers des premières forces françaises libres (au même titre que le commando . Leur spécialité : l'appui aux moyens aériens, le sabotage, la destruction et la neutralisation. Il dispose de tireurs d’élite (snipers), pouvant être embarqués à bord d'hélicoptères, et de matériel plus lourd (mortiers, missiles Milan antichar…) et de moyens lasers, pour permettre de guider les bombardements aériens ou terrestres. Il peut ainsi opérer "derrière les lignes". Il a notamment été déployé en Bosnie (pour la traque des criminels de guerre) ou pour l'évacuation de ressortissants français et européens au Yémen (1994) et au Sierra Leone (1997).

La démonstration "dynamique" a permis de voir tous ces éléments en action, sous plusieurs formes : interception d'avion, des passages à basse altitude "d'intimidation", démonstration d'évacuation de ressortissants. L'exercice groupait non seulement les différents corps d’armée français mais aussi quelques moyens européens (allemand, belge, italien, suisse). Un regret simplement : la participation un peu limitée à mon goût de moyens européens- vu l'assistance multinationale. La démonstration a trop tourné à la mise en valeur technique du matériel quà la démonstration de la possibilité d'action. Mais les invités européens ont, a priori, apprécié.

Le retour avec un Transall décollant du champ d'herbes, moteurs tournants, valait cependant le détour. Surtout quand un parachutiste a fait irruption dans le bus pour donner, fermement, les dernières consignes : enlevez les badges, pas de chapeaux ou casquettes, en rang par deux, personne n'a bronché... Et tout le monde s'est exécuté... enfin à peu près. Les diplomates - même européens - ne sont pas plus disciplinés que les journalistes 🙂

(NGV)

Crédit photos : NGV

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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