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Deux missions européennes en Géorgie avec un même objectif: observer

(B2) Il y a aura bel et bien une mission exploratoire de l'UE - au titre de l'Europe de la défense - qui va partir immédiatement en Géorgie, en "éclaireur" d'une mission plus complète d'observation de l'UE. Ainsi en a décidé le Conseil européen, réuni de façon extraordinaire, aujourd'hui 1er septembre à Bruxelles. Objectif : "contribuer au recueil d'information et de préciser les modalités d'un engagement renforcé de l'Union européenne sur le terrain". Les deux missions devraient êtres des missions civiles de défense. Ses membres pourront cependant être des experts civils comme... militaires. Le budget sera financé par l'Union européenne. Environ 40 personnes devraient y prendre part. Certains sont déjà sur le terrain, aux cotés du représentant spécial - au titre du "Border special team" chargé de former les garde-frontières géorgiens - ou comme conseillers politiques. D'autres vont rapidement les rejoindre. Les 27 ont décidé d'accélérer les choses pour la "mission d'observation" (EUMM) proprement dite qui pourrait à terme comprendre plusieurs centaines d'observateurs, selon Javier Solana. Une éventuelle décision d'engagement pourrait être prise par le Conseil des ministres des affaires étrangères, dès le 15 septembre. Ce qui est très rapide au niveau européen. Ce qui permettra de préparer une "Action commune" et d'entamer le déploiement des observateurs dans la foulée, en novembre par exemple. L'objectif c'est qu'avant la fin de l'année, la mission puisse être en place. C'est important car c'est de la mise en place de cette mission que peuvent prendre fin les "mesures additionnelles de sécurité" - qui empoisonne toute l'atmosphère diplomatique - et la présence des Russes dans la Géorgie "géorgienne" Cette mission viendra renforcer et compléter les effectifs de l'OSCE.



Coté OSCE,
environ 28 observateurs sont présents (dont 13 de l'UE, parmi lesquels 2 Finlandais, 2 Français). A terme ils devraient être une centaine. Mais la mise en place et le déploiement des 72 suivants est toujours l'objet de négociations avec les Russes qui chicanent sur tel ou tel point. Depuis hier, dimanche, 2 observateurs ont pu arriver en Ossétie du Sud, près de Akhalgori, dans la zone des villages géorgiens d'Ossétie du sud.

Pourquoi deux missions qui paraissent avoir les mêmes objectifs ? Ces deux missions n'ont pas les mêmes obligations. Une mission de l'UE peut assez facilement évoluer dans son mandat, prendre en charge des tâches supplémentaires (on le voit en Palestine, où la mission "Police" s'étend aux prisons désormais), augmenter ses effectifs, recourir à des collaborations d'Etats tiers (Etats-Unis et Suisses au Kosovo, Russes au Tchad, Américains du sud en Bosnie, etc.), se déployer dans d'autres régions. Le tout de façon assez souple, sur simple décision de l'instance adéquate au niveau européen, selon le cas ce peut être le Conseil des Ministres (parfois par simple procédure écrite), ou le Comité de politique de sécurité (les ambassadeurs de la politique étrangère), voire le chef de mission (s'il a reçu un mandat préalable). Si les moyens humains et matériels sont là, la décision purement juridique est souvent rapide. Pour l'OSCE, organisation multinationale, c'est plus délicat, toute décision est soupesée et avant tout politique. De plus, elle est soumise à l'accord des Russes - partie prenante de l'organisation. Bref, la mission civile de défense de l'UE pourra, au besoin, remplacer la mission OSCE. Les Russes le savent et sont pris à leur propre piège de "réputation internationale". Bon gré mal gré ils devront accepter soit une mission OSCE, soit une mission de l'UE, voire les deux... Cela prendra quelques semaines peut-être. Mais cela progressera...

(NGV)

Crédit photo : OSCE - véhicules de l'Osce vers l'aéroport de Tbilissi, le 22 août.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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