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Drame au K2: des hélicoptères pakistanais Ecureuil à la rescousse

(B2) Deux "Ecureuil" de l'armée pakistanaise, ou plutôt une société-filiale (voir ci-dessous), doivent se poser le 4 août, au camp de base (situé à près de 5000 mètres) du K2, la montagne la plus haute du monde après l'Everest (8611 mètres), pour rapatrier dans la vallée et sur les hopitaux, des grimpeurs européens - néerlandais et italiens essentiellement, victimes d'une chute de Sérac, en haut du "bottleneck", l'étroit couloir en forme de bouteille surmonté d’un énorme sérac qui précéde le sommet.



Certains d'entre eux seraient blessés, comme l'italien Marco Confortola qui souffre de fractures. D'autres comme les néerlandais Cas van de Gevel et Wilco van Rooijen souffrent de gelures plus ou moins graves. Ils ont rejoint dimanche dans la journée le camp de base. Et un médecin américain, présent sur place, les a examinés et prodigué les premiers soins.

Opération de secours (mis à jour le 6 août à 17h)
(mis à jour le 4 août 9h00) : Deux hélicoptères Ecureuil ont décollé de l'aéroport de Skardu - qui abrite une base militaire de l'armée de l'air pakistanaise - le 4 août à 9H15 locales (5h15 heure européenne). Ils ont récupéré au camp de base les néerlandais Cas van de Gevel, Wilco van Rooijen, et Nabeel. Ils devraient récupérer ensuite les Italiens Marco Confortola (qui descend du camp C3 au camp C2 comme l'a reperé le pilote de l'hélicoptère qui a fait un survol de la zone) et Roberto Manni. (mise à jour 4 août, 15h) Dans l'après-midi, Confortola est au camp C1, et doit arriver au camp de base avancé l'attendait Roberto Manni. Mais en raison des conditions météo, l'hélicoptère a renoncé à aller le chercher le 4 août. Une nouvelle tentative devrait avoir lieu le 5 août. Les néerlandais étaient évacués sur l'hopital militaire de Skardu. (mise à jour 5 août, 9h) Confortola n'était pas encore au camp de base avancé. Les conditions météo sont mauvaises. L'hélicoptère est en stand bye. (miste à jour 5 août 17h) Confortola est arrivé au camp de base et finalement évacué sur Skardu le 6 août (mauvaises conditions météo le 5
août). Lire le
récit des Néerlandais.

Les informations données par les agences ont été confuses pendant un certain temps, mentionnant parmi les disparus un Néerlandais. Mais celui-ci est bien vivant, son team l'assure. De même, les Autrichiens Christian Stangl et Thomas Strausz - dont on était sans nouvelles - seraient de retour au camp. Cette confusion est compréhensible. Plusieurs Européens - appartenant à des expéditions différentes (néerlandaise, italienne, serbe, coréenne, singapourienne, américaine) sans compter les individuels - avaient, en effet, décidé de joindre leurs efforts pour atteindre le sommet.

Le bilan aurait pu être plus lourd, côté français. Une équipe de trois alpinistes – de Grenoble et de Nice (Christian Trommsdorff, Yannick Graziani, Patrick Wagnon) était montée au camp de base fin juillet mais avait décidé de ne pas gravir le K2 et était redescendu.

11 morts selon un dernier décompte

Une dizaine de personnes (11 selon un dernier décompte) auraient ainsi perdu la vie dans l'ascension du K2 ce week-end, dont : l'himalayiste français Hugues d’Aubarede (61 ans, originaire de Lyon), et son guide-porteur, Karim, l'Irlandais Gerard Mc Donnell (38 ans, originaire de Kilcornan), le Norvégien Rolf Bae, ainsi que des grimpeurs d'autres continents (3 Coréens, 2 Népalais et 2 Pakistanais) dont certains l'ont été en tentant de porter secours. Un montagnard serbe, Dren Mandiç - appartenant à une cordée serbo-voivodine - a été tué dans une avalanche vendredi 1er aout (il était âgé de 32 ans et originaire de Subotica).

Contrairement à ce qu'a laissé entendre un alpiniste suédois, présent sur place, cité par l'agence AFP, la plupart de ces personnes étaient des montagnards chevronnés - ayant fait leurs armes en Himalaya.

Le K2 est réputé comme une des montagnes les plus dangereuses, trois fois plus que l’Annapurna. Le problème avec le K2 explique le chroniqueur basque de l’Himalaya, Xavier Eguskitza est que « si vous atteignez le sommet, vos chances de retour sont réduites de façon significative » (pour visionner la montée de Karl Unterkircher).

Des hélicoptères qui frôlent quotidiennement les 6000 mètres


Askari aviation
est une
filiale de l'armée pakistanaise, spécialisée dans le secours et l'accompagnement de touristes. Elle est composée d'anciens pilotes militaires à la retraite et dispose d'hélicoptères - des Ecureuil ou des Lama - spécialement équipés pour monter jusqu'à 6000 mètres. Ils sont ainsi intervenus à une hauteur d'environ 5750 pour récupérer quatre Autrichiens au Spantik.

Le Lama (SA 315 B) est une Alouette II équipée d'un moteur surpuissant pour les hautes altitudes - une demande de l'Inde notamment -. Il a pu effectué en 1969 (!) des décollages et atterrissages à 7500 m dans l'Himalaya avec deux hommes a bord et 120 kg de carburant. Il a atteint, le 21 juin 1972, une altitude record pour un hélicoptère de 12 442 m, avec au manche, le pilote d'essai Jean Boulet (le Pakistan a bien entendu commandé cette machine).

L'Ecureuil (AS350 B3) a pris le relais (le Pakistan a été livré en 2006), ayant une vitesse ascentionnelle très rapide (9000 mètres en 9mn26). Il a réalisé également un record mondial de posé en allant, le 14 mai 2005, sur le toit du monde, l'Everest, au Népal, à 8848 mètres, avec le pilote d'essai, Didier Delsalle. La température extérieure était de -36° !. L'essai a été renouvellé le lendemain.

Même si ces records ont pu être atteints, en règle générale, ces hélicoptères en mission de secours - qui nécessitent de mettre du poids supplémentaire, d'hélitreuiller, etc... - ne dépassent pas 5000 - 5500 mètres (6000 mètres maxi).

(NGV)

Crédit photos : Hugues d'Aubarede, Hélicoptère Lama, Posé de l'Hélicoptère Ecureuil à l'Everest (Eurocopter)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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