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Aide humanitaireRussie Caucase Ukraine

Géorgie. L’Europe envoie deux équipes pour coordonner l’aide

(BRUXELLES2) Plusieurs spécialistes européens de l'aide humanitaire et des secours de catastrophe ont rejoint Tbilissi ces derniers jours.

Les premiers sont des agents d'Echo, l'Office européen d'aide humanitaire ; certains étaient en poste à Amman - le bureau régional d'Echo responsable pour le Caucase, d'autres à Moscou ; tous sont expérimentés et connaisseurs de la question caucasienne - qui a mobilisé à de nombreuses reprises l'aide humanitaire (cf. Tchétchénie notamment) -. Leur première tâche : évaluer les besoins, rassembler toutes les informations pour permettre un bon déploiement de l'aide humanitaire européenne.

Les seconds sont arrivés au titre du Mécanisme européen de coordination de la sécurité civile (MIC), déployé souvent pour les feux de forêts ou autres catastrophes naturelles. C'est un peu un baptême du feu, pour le MIC, que cette situation en temps de conflit armé (et il faut sans doute y voir une volonté de la présidence française de l'Union de promouvoir davantage une sécurité civile européenne). On y trouve un Danois - chef du team -, un Français, chef adjoint (colonel de sapeur-pompier, du SDIS de Charente), un Britannique, expert en coordination, ainsi qu'un agent de la Commission européenne. Leur mission : prêter aussi une évaluation des besoins sur les feux de forêts par exemple (il y a des "besoins en matériel" m'a expliqué leur porte-parole), le secours aux personnes également.

Coté humanitaire, il n'y a pas une situation mais trois sortes de situations sur place, m'explique un responsable européen (la carte permet de se repérer).

Carte Georgie AideHuman
1) A Tbilissi (la capitale) et alentours, il n'y a pas de problème d'accès, la ville est calme, et bien ravitaillée.

On est dans une situation, assez classique, d'afflux d'une population. Mais la machine humanitaire s'est mise en marche. La situation est stable, "sous contrôle", et les besoins plutôt couverts. Ce qui est plus problématique, est la logistique, il faut arriver à localiser, et approvisionner tous les centres d'accueil mis en place par les Géorgiens (il y en a plus de 500). 70 000 personnes sont arrivés, petit à petit dans la capitale géorgien, qui ont tout perdus, réfugiés de l'Ossétie du sud ou déplacés de la zone des combats. Des produits de base alimentaires - pain, haricots, boites... - ont été distribués par le Programme alimentaire mondial ; les autres besoins (couchage, hygiène, savons...) couverts par deux ONGs partenaires de la CE (Première urgence et le Danish Refugiee Council) ; le tout financé en partie par la première aide d'urgence débloquée par la Ce (un million d'euros).

2) A l'Ouest de la Géorgie, près de l'Abkhazie, (Zugdidi...), c'est plus compliqué.

Les informations sont confuses. L'accès est possible mais difficile car la route principale (par Gori) est coupée ; il faut donc emprunter une route secondaire par les montagnes, ce qui prend du temps. Il y a des besoins, on sait qu’il y a des déplacés. Mais on doit encore faire une évaluation.

3) A Gori et Ossétie du Sud.

On ne peut pas travailler, la sécurité n’est pas garantie. Seule la Croix-Rouge internationale (CICR) a, en fait, accès pour le moment à cette région, en passant par l'Ossétie du Nord. Les Nations-Unies n’y ont pas accès. Deux camions du PAM ont pu amener des rations vers le sud de Gori, et valables 2500 personnes pour 10 jours, grâce au soutien financier européen. Mais c'est tout (pour l'instant). Des informations circulent, via les personnes qui se sont enfuies de la région, mais il reste difficile de cerner les besoins réels sur place. Selon le PAM, il y a peut être 10 000 personnes, dans le sud de Gori, déplacés qui n’ont pas pu arriver sur Gori ou préféré rester sur Gori.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : la première évaluation des besoins par le CICR

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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