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[Yougoslavie Mémoire d’un désastre] 1914-1990 Une terre à l’histoire mouvementée

(B2) Une histoire mouvementée. Issue pour partie de l'ancien empire austro-hongrois et des condominiums turcs, et des Etats autonomes (Serbie), la première Yougoslavie est créée en 1918, sous forme d'un Royaume. Arrivant à rester neutre jusqu'en 1941, elle est démembrée par les Allemands qui y créent trois Etats plus ou moins fantoches : en Croatie, sous la coupe du dirigeant d'extrême droite, Ante Pavelic et ses oustachis ; en Serbie, sous la coupe du général Nedic, et dans une partie de Macédoine. La résistance est divisée entre les Tchechniks, royalistes, et les partisans communistes qui l'emportent... avec le soutien des Britanniques. Entre les massacres et la guerre, on dénombre un million de morts dans le pays.


La mosaïque
yougoslave.
La République fédérale socialiste de Yougoslavie, créée en 1945, compte, en 1989, six Républiques (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Macédoine et Monténégro) et deux provinces autonomes rattachées à la Serbie (Kosovo et Vojvodine). Au découpage territorial s'ajoute un découpage national. Six nations principales (Serbes, Croates, Slovènes, Monténégrins, Macédoniens et Musulmans) y sont reconnues, la répartition de ses peuples ne correspondant pas systématiquement au découpage territorial (sauf en Slovénie, la seule République homogène). A cette mosaïque s'ajoutent les trois langues officielles (le slovène, serbo-croate - parlé en Croatie, Bosnie et Serbie - et le macédonien), sans compter l'albanais et le hongrois, parlés par les deux principales minorités de Serbie; ainsi que deux alphabets (cyrillique et latin) et la pratique de trois religions : le catholicisme (surtout chez les Croates et les Slovènes), l'orthodoxie (surtout chez les Serbes et les Macédoniens non Albanais) et l'islam (surtout au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine et en Macédoine).

La mort de Tito en 1980
est concomitante avec l'irruption publique de la crise, sous-jacente depuis des années, à la fois économique et des nationalités. Les manifestations d'Albanais du Kosovo qui réclament le statut de république au sein de la Yougoslavie sont sévèrement réprimées en 1981. En 1986, l'Académie serbe des sciences et des arts publie un mémorandum redéfinissant l'identité serbe. Milosevic accède à la tête de la Ligue des Communistes en Serbie et, dès lors, n'aura de cesse que de développer des thèmes nationalistes, d'entraîner des heurts contre les autres « Nations » de la Yougoslavie, particulièrement au Kosovo.

En 1989, la Yougoslavie est un des pays « communistes » le plus proche de l'Europe occidentale. Leader du mouvement des pays « non alignés », elle mène une politique pragmatique au point de vue politique et économique et a passé un accord de coopération avec la CEE.

Tous les clignotants sont au rouge. Dans ce pays, où il pourrait faire bon vivre (la mer, le soleil, les montagnes), qui vit en grande partie grâce aux rentrées de devises du tourisme, du transit routier (la voie royale entre l'Europe et le Moyen-Orient) et de ses immigrés - largement présents en Allemagne, Italie ou en France -, les prémices de crise sont visibles. Une triple crise - économique, politique, de nationalités - menace. Tous les témoins ont été avertis. Mais les regards internationaux, en 1989-1990, sont tournés ailleurs : vers l'Europe de l'Est qui retrouve son autonomie (1989), vers l'Irak et la première guerre du Golfe (1990), vers l'Urss qui implose (1991).

(NGV)

(photo : © NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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